La
France compte un grand nombre de députés et sénateurs par rapport à sa
population, soit 925 représentants au total pour 66 917 990 habitants
au 1er janvier 2015.
Avec
une telle densité de parlementaires, notre pays se distingue malheureusement de
l’Allemagne, de l’Espagne ou d’autres pays fortement peuplés comme le Brésil ou
les Etats-Unis…
Malgré
une dette de 2 037 milliards d'euros (95% du PIB) et un déficit public de 84
milliards d’euros fin 2014, la France ne lésine pas sur les moyens en matière
de représentation parlementaire. Avec 577 députés et 348 sénateurs, notre pays
compte actuellement un député pour 115 975 habitants et un sénateur pour 192
293 habitants, soit un parlementaire pour 72 343 habitants !
L’Assemblée Nationale
Les
députés sont au nombre de 577 depuis les élections législatives de 1986 et la
dernière réforme faite sous le mandat du Premier Ministre Laurent Fabius.
Depuis la révision constitutionnelle de 2008, ce nombre est gravé dans le
marbre par la Constitution, sans doute pour éviter qu’il ne soit à nouveau
bricolé au gré des majorités électorales.
Le Président de l’Assemblée Nationale, Claude Bartolone, avait fait état en 2013, sur radio J, d’une piste pour en réduire le nombre, pour cause d’économie bien sûr, en revenant au nombre de députés d’avant la dernière réforme de la carte électorale, soit 491. Une commission devait plancher sur le sujet mais aucune proposition de loi n'a vue le jour depuis... Et si le nombre de députés est passé de 491 à 577 en 1986, c’est parce que le parti socialiste, au pouvoir à l’époque, avait souhaité introduire une part de proportionnelle dans le mode de scrutin majoritaire. Cette introduction, favorable incidemment au Front National, aurait permis de sauver une centaine de députés socialistes et une vingtaine de députés communistes…
Le Président de l’Assemblée Nationale, Claude Bartolone, avait fait état en 2013, sur radio J, d’une piste pour en réduire le nombre, pour cause d’économie bien sûr, en revenant au nombre de députés d’avant la dernière réforme de la carte électorale, soit 491. Une commission devait plancher sur le sujet mais aucune proposition de loi n'a vue le jour depuis... Et si le nombre de députés est passé de 491 à 577 en 1986, c’est parce que le parti socialiste, au pouvoir à l’époque, avait souhaité introduire une part de proportionnelle dans le mode de scrutin majoritaire. Cette introduction, favorable incidemment au Front National, aurait permis de sauver une centaine de députés socialistes et une vingtaine de députés communistes…
Revenue
au pouvoir, la majorité de droite se hâta de supprimer la part de
proportionnelle mais ne manqua pas de conserver le nouveau nombre de députés
!
Or,
d'autres pays sont beaucoup plus économes en la matière comme l'Allemagne où il
y a 622 membres au Bundestag pour 82 millions d'habitants, soit un député pour
131 800 habitants. L'Espagne présente pratiquement la même densité avec 350
députés pour 46 millions d'habitants.
Les
Etats-Unis apparaissent encore plus économes avec 435 membres à la Chambre des
représentants pour 315 millions d'habitants, soit un député pour 730 000
habitants ! Ce ratio élevé s’explique aussi par la structure
particulière institutionnelle de ce pays qui comporte dans chaque Etat un
Congrès, composé d'une Chambre des représentants et d'un Sénat.
En
France, le nombre important de parlementaires influe naturellement sur le coût
général des dépenses de l’Etat car chaque député reçoit un nombre non
négligeable d’indemnités diverses. L’indemnité parlementaire comprend en effet
l’indemnité de base (5 514 €), l’indemnité de résidence (165 €) et l’indemnité
de fonction (1 420 €), soit 7 100 € bruts, somme à laquelle il faut
ajouter l’indemnité représentative de frais de mandat (5 770 €) et le crédit
pour rémunérer le ou les collaborateurs (9 504 €) , soit au total 22 374 €
mensuels par député.
Rapportée
sur 12 mois et 577 députés, la dépense totale s’établit à plus de 154 millions
d’euros par an, somme à laquelle il faut encore ajouter une réserve
parlementaire répartie proportionnellement aux effectifs des groupes
parlementaires (90 millions d'euros pour l'Assemblée Nationale et 54 millions
pour le Sénat) !
Sans
compter les divers avantages matériels destinés à faciliter l’exercice de leur
mandat (bureau, informatique, téléphone, photocopieur, courrier, restauration,
hébergement, transports en commun gratuits, voitures avec chauffeur, taxis
parisiens gratuits, prestations familiales, allocation d’assurance mutuelle,
régime spécial de Sécurité sociale, caisse spéciale de pensions, allocation
d'aide au retour à l'emploi pendant 3 ans après la fin de leur mandat).
Aujourd'hui,
qui propose quoi ? François Hollande songe depuis 2012 à une diminution de
leur nombre mais ne fait rien concrètement ! Nicolas Sarkozy s’est prononcé
pour une réduction d’au moins 15 % mais n’a rien fait lorsqu’il était Président
de la République ! Quant à François Bayrou et Alain Juppé, ils proposent
respectivement une réduction de 30 % (environ 400 députés) et 50 % (moins de
300 députés) mais il s'agit pour l'instant que de promesses pré-électorales…
Finalement,
c’est surtout un ratio (nombre de députés / nombre d’habitants) qu’il convient
d’établir plutôt qu’un pourcentage de réduction. Un député pour 200 000
habitants serait par exemple un ratio clair et significatif pour une Assemblée
Nationale de 330 députés environ, dont la moitié pourrait être élue à la
proportionnelle.
Le Sénat
En
1959, les départements métropolitains, les DOM-TOM et les Français à l'étranger
étaient représentés par 283 sénateurs. Leur nombre a été porté successivement à
331 en 2004, 343 en 2008 et 348 en 2011. Le scrutin départemental est soit
proportionnel (dans 52 % des cas), soit uninominal à deux tours
(48 %) mais les sénateurs sont désignés de façon tout à fait
anti-démocratique par les seuls grands électeurs (150 000 personnes environ).
Par
comparaison, les sénateurs sont au nombre de 69 au Bundesrat allemand ! Aux
Etats-Unis, ils ne sont que 100, soit 2 sénateurs par Etat quand la France en
est à deux et plus par département !
L’Assemblée
Nationale ayant toujours le dernier mot en matière d'adoption de textes
législatifs, l’on pourrait, avec un peu d’ambition et de courage, fusionner le
Sénat (348 membres) et le Conseil économique, social et environnemental (233
membres) au sein d’une nouvelle chambre exerçant une fonction exclusivement
consultative, ne disposant d’aucun pouvoir de blocage et limitée à 300
membres :
- 150 membres (ex sénateurs) représentant les collectivités territoriales de métropole et d’outre-mer élus à la proportionnelle intégrale dans le cadre de circonscriptions départementales ou régionales.
- 150 autres membres représentant les activités économiques, sociales et culturelles, désignés par des organismes représentatifs (salariés, agriculteurs, entreprises, familles, professions libérales, enseignement supérieur et la recherche, activités sociales et culturelles).
Diminuer
le nombre de parlementaires tout en introduisant une forte dose de
proportionnelle s’inscrirait donc dans une perspective globale visant à
renforcer le rôle du législatif et à garantir l’expression du pluralisme.
Mais
le lobby des parlementaires est très puissant et dispose de plusieurs relais,
notamment au Sénat où Gauche et Droite se sont entendues depuis longtemps pour
faire de la résistance en bloquant toute évolution. A n’en pas douter, la
route vers une réduction du nombre de représentants au parlement sera longue et
difficile…
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