Un des
lieux les plus prestigieux de Paris, le parvis de Notre-Dame, au cœur de l’île
de la cité, porte désormais le nom du pape Jean Paul II, mort le 2 avril 2005.
Ce site du Paris historique, face à sa Cathédrale, s'appelle maintenant "
Parvis Notre-Dame - Place Jean Paul II ".
En
décidant d'honorer ainsi l'ancien pape, Karol Wojtyla, Bertrand Delanoë a fait
un choix arbitraire en dérogeant à une règle qui s’impose d’ordinaire :
attendre 5 ans entre le décès d’un personnage illustre et le fait de donner son
nom à une rue ou une place parisienne.
Le
baptême a eu lieu le dimanche 3 septembre et a donné lieu à une manifestation
d’opposants devant la cathédrale, manifestation vite réprimée par la police.
Il
faisait suite à une décision d’une majorité inhabituelle d'élus municipaux
parisiens : socialistes et UMP, pour une fois d'accord, auxquels se sont joints
les UDF. Tous les autres partis de la majorité de gauche (Verts, PCF, MRC, PRG)
ont voté contre cette décision lancée par Bertrand Delanoë, sur proposition
initiale de l'UMP.
Sylvain
Garrel, écologiste, a rappelé que le souverain pontife, s'il était vivant,
devrait être "traduit devant le Tribunal pénal international pour
complicité de crimes contre l'humanité". Il a déploré la "trop longue
carrière" du pape émaillée de prises de positions "anti-avortement et
anti-contraception".
Dans
une lettre adressée à Bertrand Delanoë, Georges Sarre remarquait, quant à lui,
que le principe de laïcité impose une stricte séparation entre l’Etat et les
religions.
Certes,
d’autres lieux portent, à Paris, le nom de religieux. Certaines de ces
appellations sont fort anciennes et l’on peut admettre qu’il soit fait
exception à la règle mais il faut, à ce moment-là, que la personne concernée
ait rendu au pays, et à la République, des services éminents et indiscutables.
Mais cela doit rester l’exception.
Il y a
une autre raison qui justifie le refus de cette initiative. Le parvis de
Notre-Dame est connu sous ce nom depuis des siècles, par les Parisiens et les
étrangers. C’est un lieu qui est donc associé à l’image de Paris dans le monde.
Il n’y
a aucune raison pour que cet endroit central de la capitale soit désormais
connu sous le nom d’une personnalité qui n’a aucun lien, de près ou de loin,
avec la ville de Paris et avec la France, et dont certaines options ont été
particulièrement controversées car profondément rétrogrades. Pour un endroit
aussi important, le choix de la personne doit faire l’unanimité.
La
laïcité est un des fondements de la République. Elle est bien plus qu’une
simple juxtaposition de communautés, fussent-elles religieuses. Elle suppose
une stricte séparation entre l’espace public et l’espace privé, la religion
ayant toute sa place dans le second, mais aucune dans le premier.
Or, qu’est-ce que le parvis de Notre-Dame, sinon un espace public que foulent chaque année des millions de visiteurs pour admirer la façade de Notre-Dame ?
Le Maire de Paris, en faisant ainsi une entorse au principe de laïcité fait preuve
de faiblesse, entérine un recul des principes républicains et donne
l’impression désagréable de penser avant tout aux prochaines élections
municipales…
Photo Creative Commons
2 commentaires:
Comment interpréter une telle décision de la part du Maire de Paris ?
Est-ce que vraiment, on serait devenu si pieux d’un seul coup en France ?
Même certains chrétiens de gauche ont critiqué Jean-Paul II pour ces prises de positions, notamment contre le préservatif.
Est-ce que l’UMP n’en avait pas fait assez en mettant en berne les drapeaux français lors de l’annonce de la mort du Pape ?
Alors que 12000 professeurs de l’école publique vont disparaître faute d’être remplacés, est-ce qu’on désire à nouveau faire appel à l’église pour éduquer les petits enfants ?
Des curés pour apprendre la Marseillaise à l’école ?
Pourquoi pas renommer la tour Eiffel "Tour Louis XVI" ? Grand homme également, très célèbre...
En plus, Notre Dame, quel symbole, si on connaît le roman d’Hugo, dont l’héroïne était victime de l’intégrisme religieux.
Bien sûr, on peut rétorquer que c’était un homme connu du monde entier, qui a marqué l’histoire.
On aurait pu donc tout aussi bien choisir "Karl Marx", ou "Che Guevara" comme idée de nom. Ces noms ne sont pas moins célèbres, et ils divisent autant.
Bref, après Ségo, je crois que Delanoë va lui aussi à la pêche aux voix de droite…
Déjà, on avait vu fleurir sur les murs de Paris une campagne publicitaire annonçant le partenariat de la Mairie de Paris avec le Secours Catholique.
Aujourd'hui, c'est la parvis de Notre-Dame que l'on rebaptise place Jean-Paul II .
Delanoë ne séduira peut-être pas l'électorat de droite avec ses manoeuvres grossières, mais au moins espérons que cela servira à son salut.
Quant à l’ultra gauche et les verts qui voudraient faire de Jean-Paul II un criminel contre l'humanité, ils devraient également s'offusquer que les noms de nombreux criminels communistes fleurissent encore les rue des banlieues rouges…
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