Pas besoin d’être politologue pour tirer la leçon essentielle du scrutin des dernières élections régionales : les Français ont infligé une sévère défaite à Nicolas Sarkozy.
Mais la lucidité nous oblige à voir que partout, toutes les forces en présence font moins de voix qu’aux dernières élections régionales et que le refus de vote est particulièrement fort dans les quartiers les plus populaires…
De l’échec des listes UMP découle presque mécaniquement tout le reste : un vote PS majoritairement par défaut, un retour sur la scène politique du Front national (un temps dissous dans le «sarkozysme bessonnien»), un bon score d’Europe Écologie et un résultat honorable du Front de gauche, le tout sur fond d’abstention massive (48,79%) et de nombreux bulletins blancs ou nuls (4,54%).
Quelles sont les raisons de cet échec historique, sans doute le plus bas score de la droite lors d’élections locales sous la 5ème République ?
Le piège de la formation unique tout d’abord. Ce fourre-tout idéologique qu’est devenue l’UMP, dévouée à un seul chef s’est refermé sur sa figure de proue. Fondé en 2002 pour rassembler toutes les tendances de la droite, des gaullistes aux néolibéraux, en passant par les démocrates-chrétiens, l’UMP pensait gagner haut la main tous les premiers tours des élections pour vivre ensuite sur son avance en spéculant sur les divisions de l’adversaire.
Puis le mensonge car Nicolas Sarkozy a décrédibilisé sa parole politique à force de promesses non tenues, de double langage, de discours au gré des circonstances et des publics qui ont dépassé les limites de la démagogie ordinaire.
Il y faut ajouter enfin un rapport puéril à l’argent et aux attributs clinquants du pouvoir, qui ne plaît guère aux électeurs. Car le «sarkozysme» vise deux clientèles : les riches, les rentiers et les financiers d’une part et une partie des classes populaires d’autre part sur laquelle le discours moralisateur de la «revalorisation» du travail et l’idéologie sécuritaire avaient produit le meilleur effet en 2007. Au fil du temps, Sarkozy s’est révélé le fondé de pouvoir exclusif des premiers au détriment des seconds qui ne sont guère déplacés lors du vote ou qui ont voté pour le Front national ou déposé un bulletin nul ou blanc.
Tout le monde se souvient également de ses frasques, de la première soirée au Fouquet’s au yacht de Bolloré, en passant par les dispendieuses vacances américaines et l’épisode du prince Jean à l’EPAD...
Quant à la gauche, son succès national connaît cependant deux exceptions régionales notables. Dans le Nord Pas de Calais, terre de gauche historique et région de la première secrétaire du PS Martine Aubry, la liste de gauche stagne. Elle recule même par rapport à 2004 dans le département du Pas de calais et dans plusieurs villes ouvrières (Lens, Béthune, Calais). La gauche recule également en Provence Alpes Côte d'Azur, en particulier dans des villes populaires comme Gardanne et Istres, mais aussi à Marseille.
Le Parti socialiste est en quelque sorte le témoin passif de sa propre victoire. Le vote en sa faveur n’est en rien un vote d’adhésion à son projet que d'ailleurs personne ne connaît… Ce n’est qu’un vote de rejet de la droite et l’abstention massive ne laisse d’ailleurs planer aucun doute à ce sujet.
Pour l’instant, le PS n'a pas de programme précis sur les réformes prioritaires que ferait un gouvernement de la gauche solidaire. Les conventions à thème que va tenir le PS dans les prochains mois risquent comme toujours d’être suffisamment généralistes et assez vagues pour laisser toute latitude au candidat socialiste en 2012 de mettre en avant son propre programme…
Les autres partenaires potentiels à gauche, Europe Écologie et le Front de gauche, chacun à leur niveau, confirment leur enracinement dans le nouveau paysage politique. Un enracinement toutefois fragile car ces deux coalitions sont traversés par des courants divers. Des écologistes de gauche, du centre et de droite sont réunis au sein d'Europe-Ecologie... Des alliances à géométrie variable ont été faites par le PC (tantôt avec le PG au sein du Font de Gauche, tantôt avec le PS dès le premier tour...)
Le NPA, quant à lui, paie le prix de sa stratégie plutôt solitaire et du débat destructeur sur le port du voile affiché par une de ses candidates en Vaucluse. Mêler religion et politique à l’occasion d’élections est déjà une contradiction en soi mais présenter de surplus une candidate qui arbore un signe ostentatoire d’une interprétation sexiste et dévalorisante de sa religion est une sorte de trahison à l’égard de notre République laïque et des électeurs de gauche…
Mais qu’est-ce que ce scrutin va changer dans la vie de nos concitoyens ? On est tenté de répondre : rien ! Car sous la 5ème République, on peut parfaitement ne tenir aucun compte d’un désastre à des élections intermédiaires puisque, dans ce système, seule importe l’élection présidentielle…
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5 commentaires:
Les choses sérieuses commencent au PS, le bal des prétendants est ouvert.
A mon avis pour s’en sortir il faut proposer clairement et à priori un pacte pour une 6ème République, alors les candidat-e-s éventuel-le-s s’engageront et on aura une garantie de mettre un terme à la valse des égos dans ce régime de monarchie républicaine.
Si on refuse l'UMP et le PS, seul le vote blanc est justifié... c'est le seul vote républicain !
Qu'on le veuille ou non, que ça plaise ou pas, les abstentionnistes donnent "mandat" aux votants de s'exprimer en leurs noms.
Au contraire de l'abstention, le vote blanc c'est le refus de ce qu'on nous "OFFRE" comme politiciens et comme politique !
Le vote blanc doit être décompté car il a un sens mais pas l'abstention !
C'est d'ailleurs le Second Empire de Napoléon III qui a discrédité le vote blanc des Républicains... c'est dire..!
Le "parti abstentionniste" existe parce que toute véritable alternative politique citoyenne est vouée à l’échec par l’environnement médiatique ET parce que le peuple a tout de même compris qu’il était mené en bateau !
Mais ce parti là est virtuel, il n’y a pas d’issue possible sauf intervention divine...
Car sous la 5ème République, on peut parfaitement ne tenir aucun compte d’un désastre à des élections intermédiaires puisque, dans ce système, seule importe l’élection présidentielle…
certes, mais comme on vient de sanctionner davantage un individu qu’une politique, il a du souci à faire, le Conducator de la France.
http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/conducator
Salut Momo,
On vient de sanctionner sans doute un individu mais également sa politique en faveur des plus riches.
C’est pourquoi, il a un DOUBLE souci à se faire pour 2012…
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