Les employés et les syndicats se battaient depuis plusieurs mois contre les projets de restructuration de la société SANOFI, premier laboratoire pharmaceutique français.
Ils viennent d’obtenir une première victoire : le tribunal de Nanterre a annulé le plan de restructuration de l'entreprise, soulignant " l'insuffisance et l'irrégularité de la procédure d'information-consultation " initiée le 31 mars 2010.
La première entreprise du CAC 40 était donc hors la loi !
L'entreprise SANOFI-AVENTIS est le 4e laboratoire pharmaceutique au monde avec 28.000 salariés. Il est issu de la fusion, en 2004, du groupe français Sanofi-Synthélabo et du groupe allemand Aventis.
Son chiffre d'affaires était en 2009 de 29 milliards d'euros (soit + 6,3 % par rapport à 2008) et ses bénéfices étaient de 8,5 milliards. L’entreprise a pourtant supprimé 3000 emplois en 2009-2010, dont 1300 dans le domaine de la recherche. En 2010, les salaires augmenteront seulement de 1,2 % (contre + 9,1 % pour les dividendes des actionnaires).
Le résultat annuel de Sanofi a bien sûr été dopé par la vente record de vaccins avec l'épidémie de grippe A. Les commandes de vaccins antigrippaux (H1N1 et grippe saisonnière) de Mme Madame Roselyne BACHELOT-NARQUIN, se sont élevées à plus de 1 milliard d'euros, soit une hausse de 46 % par rapport à 2008 !
Le groupe réalise aussi de beaux profits sur l'activité santé grand public (les médicaments délivrés sans ordonnance comme le Doliprane).
Une stratégie au détriment des salariés, de la recherche et de la santé
Depuis des années, les laboratoires de Sanofi n'ont pas produit de véritables innovations thérapeutiques. Or ils doivent faire face à l’expiration des brevets de nombre de leurs produits phares, les fameux "blockbusters" (médicaments au chiffre d'affaires supérieur au milliard de dollars), qui tombent alors dans le domaine des génériques, vendus moins chers.
Pour parvenir à afficher les mêmes chiffres d'affaires dans les années à venir, la multinationale française, tout comme la dizaine de groupes qui dominent le marché mondial, s'est attelé à l'invention d'un nouveau «modèle économique». Le projet de réorganisation " transforming " vise à réaliser 2 milliards d'euros d'économies d'ici 2013 :
- Investissement dans les génériques (Sanofi a racheté des sociétés de génériques en Tchéquie, au Brésil, au Mexique)
- Pression maximum sur les coûts
- Cession de sites de production
- Externalisation de la recherche : jugée trop coûteuse, c'est elle qui est frappée en premier.
Sanofi prévoit de fermer 8 sites de recherche, dont 4 en France et le reste au Royaume-Uni, Espagne, Japon et Etats-Unis. L'entreprise cherche des partenariats avec des structures publiques pour transférer une partie des risques financiers. « Il n'y a aucune mesure entre le coût de la recherche externe, qui bénéficie des aides publiques et gouvernementales, et celui de l'interne, où nous prenons tout en charge », selon le responsable de la R&D de Sanofi-Aventis.
Sanofi ne veut pas investir dans la recherche mais dépense sans compter pour multiplier les acquisitions : 8,5 milliards pour les opérations réalisées depuis 2008. Les objectifs qui devraient primer dans ce secteur (réponse aux attentes thérapeutiques insatisfaites, mise à disposition des traitements à prix accessibles partout dans le monde) sont relégués au second plan au bénéfice de la plus-value des actionnaires.
Sanofi-Aventis devra soigner son plan social
Dans une ordonnance de référé du 12 août dernier, le tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine) a contraint Sanofi à revoir sa copie. "La procédure devra être reprise dès l'origine, la société Sanofi se devant de présenter un projet cohérent et un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui, certes peuvent être amendés à la suite des réunions du CCE (Comité central d'entreprise), mais qui se doivent d'être complets dans leurs aspects fondamentaux dès le commencement", précise l'ordonnance.
Espoir donc chez les salariés. Alors que la direction chimie du groupe comptait supprimer 904 postes, sur la base de départs volontaires, dans les sites de Neuville-sur-Saône (Rhône) et de Romainville (Seine-Saint-Denis), le tribunal a pointé «l’irrégularité» et «l’insuffisance» de la procédure d’information-consultation du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).
Saisie par la coordination de la CGT de Sanofi, l’entreprise devra reprendre la procédure de A à Z sous peine d’une astreinte de 1000 euros par jour de retard dès le 31 août 2010. Pour Thierry Bodin, coordinateur national CGT, la victoire judiciaire n’est qu’un premier pas. «Nous espérons que la direction revoit sa copie et maintienne les deux sites. Nous allons interpeller la direction départementale du travail, les élus locaux pour conserver le maximum d’emplois.»
Nicolas Sarkozy encourage cette stratégie de l'industrie pharmaceutique dont Sanofi-Aventis est l'exemple emblématique
Le 26 octobre 2009, le Conseil Stratégique des Industries de Santé (CSIS), réunissant les dirigeants des principaux groupes pharmaceutiques français, était reçu à l'Elysée. "Les revenus de vos entreprises vont baisser de 20, 30 ou 40%" a déclaré Nicolas Sarkozy, devant les patrons du CSIS. Pour le président, cette "chute historique" est exclusivement due à la " générication " des médicaments.
Plusieurs mesures vont subventionner l'industrie pharmaceutique :
- Création d'un fonds d'investissement dans les biotechnologies de la santé doté d'emblée de 130 millions d'euros et financé pour moitié par l'Etat.
- La suppression de la taxe professionnelle allégera de 16% les charges des entreprises du secteur
- Le Crédit impôt recherche réformé en 2008 et reconduit pour 2010 permettra aux entreprises de se voir rembourser 30% de leurs dépenses de recherche et développement (R&D)
- " L’emprunt national pourrait financer certains investissements ", notamment la création d'instituts hospitalo-universitaires en partenariat avec le privé.
Cinq de ces établissements seront d'ailleurs labellisés en 2010 (exactement le nombre de firmes représentées au sein du Conseil stratégique surnommé G5 par ses membres : Sanofi-Aventis, Pierre Fabre, Servier, Ipsen et le Laboratoire de fractionnement des biotechnologiques).
En France, la part de la recherche est déjà passée de 2,24% du PIB en 2002 à 2,02% en 2008, selon l'association "Sauvons la recherche". En poursuivant la simplification de l'organisation de la recherche en Sciences de la Vie et de la Santé, les pouvoirs publics vont hélas entraîner un nouvel assèchement des financements de la recherche publique française pour mieux la contraindre à accepter des partenariats public-privé…
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1 commentaire:
Le profit à tout prix !!!
Toujours les mêmes qui s'engraissent sur le dos de la France d'en bas ...
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