Les
élections législatives grecques ont rendu leur verdict dimanche 7 juillet. Le
parti Nouvelle-Démocratie (droite conservatrice) l’emporte largement avec
39,85% des suffrages, confirmant ainsi sa victoire aux élections européennes de
mai dernier.
Déjà
sonné par son échec cinglant aux dernières élections européennes et locales,
Alexis Tsipras se retrouve par là-même éjecté du poste de Premier ministre,
accusé d’avoir trahi ses électeurs…
Le
Premier ministre sortant, Alexis Tsipras dont le mandat s’achevait
théoriquement en octobre prochain, a tenté un nouveau coup de poker en
convoquant lui-même ces élections anticipées mais le résultat final n’a pas été
celui escompté.
Avec
un gain de 83 députés le parti Nouvelle-Démocratie, mené par Kyriakos
Mitsotakis, surnommé le Macron grec, disposera de 158 parlementaires, soit la
majorité absolue puisque le parlement monocaméral comporte 300 sièges.
Syriza
avec 31,53% des voix obtient 86 députés et en perd 56 par rapport à la
précédente législature, tandis que la coalition de centre-gauche Mouvement pour
le changement, composée notamment du Mouvement socialiste Panhellénique (PASOK)
et du Mouvement des socialistes démocrates (KIDISO) complète le podium avec 22
députés et 8,10% des voix.
Le
Parti communiste grec (KKE) garde son groupe parlementaire en conservant ses 15
députés et en recueillant 5,30% des suffrages, en légère baisse de 0,3%, par
rapport aux élections de 2015.
Les
autres forces de gauche n’ont pas non plus de raisons de se réjouir car si le
Front de désobéissance réaliste européen (branche grecque du Mouvement pour la
démocratie en Europe en 2025), de Yanis Varoufakis, parvient à faire élire 9
députés et à faire son entrée au Parlement avec 3,44% des voix, les partis
Antarsya et Unité populaire n’obtiennent que respectivement 0,41% et 0,28%.
Le
parti d’extrême-droite, Aube Dorée, qui avait réalisé un score conséquent en
septembre 2015 avec 7% des voix et 18 députés, ce qui lui avait permis de se
hisser à la troisième place de cette élection, chute cette fois à 2,9% des voix
et n’a sauvé aucun de ses sièges.
Les raisons de l’échec
En
janvier 2015, Alexis Tsipras et Syriza étaient élus avec un programme censé
transformer la Grèce et rompre avec les politiques d’austérité et les
mémorandums qui avaient précipité le peuple dans la misère sociale.
Le 5
juillet 2015, le peuple grec donnait son accord à Tsipras pour refuser les
injonctions de l’UE lors du référendum organisé à l’initiative du gouvernement
où la question posée était : « Approuvez-vous le plan proposé par la
Commission européenne, la Banque centrale européenne, et le Fonds monétaire
international ? » Le Non l’emportait avec 61,31% des voix mais
Alexis Tsipras préféra ignorer ce résultat et mettre au placard son programme
initial afin de rentrer dans le rang.
Mais
pour éviter à la Grèce le défaut de paiement, cet « outsider » de la vie
politique grecque, dominée par de grandes familles, a fait ensuite volte-face
et s'est plié ainsi aux créanciers, UE et FMI, dont il a accepté les réformes
rigoureuses impopulaires, malgré le « Non » précédent des Grecs.
Sur
les 206,9 milliards d'euros versés par l'UE, 58 milliards ont servi à
recapitaliser les banques grecques, 101 milliards sont allés dans les poches
des créanciers de l'Etat grec. Dans cette catégorie, on trouve à la fois les
représentants de l'oligarchie du pays et des fonds spéculatifs. Seuls 43,7
milliards ont atterri dans les caisses du budget de l'Etat sans que l'on sache
vraiment à quoi ils ont été affectés, hormis les 10 milliards consacrés à
l'armée...
L’Etat-providence
grec s'est atrophié et toute une génération a vu ses attentes, ses revenus et
sa qualité de vie rétrogradés. Cette même génération, qui avait pris l’habitude
d’accéder à des crédits peu chers après l’entrée de la Grèce dans la zone euro
en 2001, s’efforce maintenant d’apprendre à vivre avec bien moins.
Dans
le secteur privé, les salaires ont diminué de plus de 30% depuis 2010, de 22%
pour le salaire minimum mensuel et de 32% pour les salaires des moins de 25
ans ! Pourtant, les prix ont été maintenus à des niveaux élevés par le
manque de concurrence, les comportements oligarchiques et la hausse des taxes.
Résultat
: la confiance gagnée durement au prix de longues luttes politiques pendant
plusieurs années a été perdue, ruinant le travail de milliers de militants et
de plusieurs organisations politiques et syndicales grecques.
Aujourd'hui,
malgré une certaine reprise économique et le retour du pays sur les marchés
d’emprunt, les électeurs grecs ont sanctionné les promesses non-tenues. Alexis
Tsípras s’est heurté à la lassitude des Grecs, meurtris par une décennie de
privations et de ponctions fiscales draconiennes et un taux de chômage qui,
malgré sa baisse à 19%, reste le plus élevé de la zone euro.
Pour
sortir la Grèce de l’austérité, il n’y avait qu’un seul moyen : sortir de
l’euro afin de pouvoir dévaluer la monnaie (La drachme) et ainsi redresser les
comptes publics et faire repartir l’économie mais Alexis Tsipras a préféré se
plier aux exigences de la commission européenne en vendant le patrimoine, les
ports et aéroports, etc. et en prenant en otage toute la population
grecque…
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