Londres a mis en œuvre vendredi 31 janvier 2020 à minuit le Brexit, après le référendum de 2016 où les Britanniques se sont exprimés en faveur d’un départ de l’Union européenne.
65 millions d’habitants ne feront plus partie de l'UE. Ce résultat porte la condamnation d’une forme du projet européen et le besoin de revenir à des formes plus respectueuses de la souveraineté dans le cadre des nations qui constituent l’Europe…
65 millions d’habitants ne feront plus partie de l'UE. Ce résultat porte la condamnation d’une forme du projet européen et le besoin de revenir à des formes plus respectueuses de la souveraineté dans le cadre des nations qui constituent l’Europe…
Le succès de l’option « Brexit » lors du référendum de juin 2016 peut être comparé au succès similaire du « non » lors du référendum sur le projet de Traité Constitutionnel Européen en France en 2005. Dans les deux cas, un électorat populaire et ouvrier s’est soulevé contre des « élites » autoproclamées et les membres d’une commission européenne simplement nommés par les gouvernements et non élus démocratiquement. .
Mais la politique du déni des élites européistes est telle qu'on ne doit pas s’attendre, malgré ce départ, à une remise en cause sérieuse des options de la politique européenne. Il est donc probable que l’on assiste, dans les semaines et les mois qui viennent, au maintien de cette politique.
En écoutant Emmanuel Macron affirmant par exemple qu’une Europe, autre « qu’un marché à l’austérité aveugle » serait possible, on a envie de lui dire : Cher Emmanuel, c'est facile ! Il suffit pour cela de retirer toutes les lois voulues par l'Union européenne, à commencer par la loi travail, la loi chômage, la circulaire sur les travailleurs détachés, la réforme de la retraite à points destinée avant tout à baisser le montant futur des retraites, d'annuler les baisses de remboursement des soins médicaux, de mettre fin à l'existence des paradis fiscaux au sein même de l’Europe, d'arrêter les négociations sur les traités de libre-échange, etc...
C’est toujours en fait le même leitmotiv depuis 1957 : l’Europe de demain sera plus sociale, plus protectrice, harmonisée fiscalement si les pays européens le veulent et le décident. Mais il faut se souvenir que rien n’a changé, quelle que soit la coloration politique des différents pays européens, même lorsque les partis sociaux-démocrates étaient majoritaires en Europe, dans les années 90. Prenons seulement trois problèmes importants :
Un euro fort au service quasi exclusif de l’Allemagne
Depuis plusieurs années, l'euro est surévalué par rapport aux grandes monnaies (dollar, livre, yuan, yen, etc.) et cela d'une façon durable.
Les gouvernements ne disposent plus de la politique monétaire en tant qu'arme pour intervenir sur le marché des changes. En effet, celle-ci est du ressort de la Banque Centrale Européenne (BCE) dont la mission, spécifiée par le Traité de Maastricht, consiste à contrôler l'inflation potentielle. Et il n'y a aucune raison que cela change prochainement, puisque les changements institutionnels provoquent toujours des oppositions, d'autant plus obstructrices que l'UE comprend 28 pays membres.
Les gouvernements ne disposent plus de la politique monétaire en tant qu'arme pour intervenir sur le marché des changes. En effet, celle-ci est du ressort de la Banque Centrale Européenne (BCE) dont la mission, spécifiée par le Traité de Maastricht, consiste à contrôler l'inflation potentielle. Et il n'y a aucune raison que cela change prochainement, puisque les changements institutionnels provoquent toujours des oppositions, d'autant plus obstructrices que l'UE comprend 28 pays membres.
Pire, on a recruté des banquiers comme pompiers de l’Europe avec le soutien des dirigeants européens, Angela Merkel en tête. Mario Draghi par exemple, ancien président de la BCE était un ancien de la sulfureuse banque Goldman Sachs qui a aidé la Grèce à dissimuler des milliards d'euros d'emprunts d'Etat pendant de nombreuses années.
Et il faut un sacré culot pour parler de solidarité au vu des horreurs produites par les plans européens notamment en Grèce. Enfin, les pays hors zone euro vont mieux que ceux qui y sont, avec la protection qu’apporte le contrôle de leur banque centrale et une inflation à peine supérieure.
Des paradis fiscaux au sein même de l’Europe et de la France
Situés le plus souvent près des grands pôles d’activité, les paradis fiscaux canalisent les flux financiers des grandes fortunes, des multinationales et de l’économie illicite : argent du crime, de la corruption et de la fraude fiscale (Campione, Chypre, Gibraltar, Guernesey, Ile de Man, Irlande, Jersey, Liechtenstein, Luxembourg, Madère, Malte, Sercq, etc.).
Et la France ne s’honore pas à « fermer les yeux » sur certains mouvements de capitaux notamment dans deux micros états, dénoncés par l’ONU, l’Andorre et Monaco qui ont la particularité de se trouver pratiquement sur le territoire français et de compter pour l’un deux, à sa tête, un co-prince en la personne d’Emmanuel Macron.
Pire, le 27 juin 2014, les dirigeants européens, avec l’aval de l’ancien président de la République, François Hollande, qui n’avait pas osé mettre son veto, avaient choisi l’ancien Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, un des champions du secret bancaire en Europe, pour être le président de la Commission européenne. Or, le Luxembourg est un paradis fiscal au sein même de l’Europe.
Après retraitement, ces sommes colossales " travaillent " en toute légalité dans les circuits financiers internationaux. Les sommes ainsi mises en circulation chaque année représenteraient entre 15 et 30 % des dettes publiques cumulées, qui s’élèvent à quelque 5 000 milliards de dollars.
Les paradis fiscaux attirent donc tous ceux qui refusent la solidarité par l’impôt, laissant à leurs concitoyens le soin d’en acquitter la charge. C’est une des explications de l’appauvrissement relatif des Etats et de la diminution corrélative de leur capacité de régulation, voire de sauvetage du système lui-même.
Une directive sur les travailleurs détachés, symbole du dumping social
Grâce à une directive européenne de 1996, les travailleurs de l’Union européenne peuvent travailler dans les entreprises françaises à des conditions incitant au dumping social. Seules les charges de leur pays d’origine sont imputées sur leurs salaires, ce qui permet de réaliser une économie de 30 à 40 % sur le coût du travail.
Autrement dit, une entreprise qui a un travail à faire en France, au lieu de le faire faire par des salariés sur place, fait appel à des travailleurs détachés qui sont la face visible d’une UE qui impose le nivellement par le bas.
Comment les entreprises françaises pourraient être compétitives quand le SMIC roumain est environ dix fois plus bas que le SMIC français ? Combien sont-ils exactement ? D'après le rapport 2019 de la Cour des comptes, 516.000 salariés détachés ont été déclarés en France en 2017. D'après les organisations syndicales, leur nombre serait bien supérieur car plus de 200 000 ne seraient pas déclarés. Mais pour la commission de Bruxelles, il n’est pas question de revenir sur cette disposition qui transforme des salariés en déportés économiques du capitalisme européen.
Finalement, sur tous ces points et bien d’autres comme le CETA (accord commercial entre le Canada et l’UE), ce sont les politiques libérales les plus bêtes qui sont mises en œuvre en Europe depuis des dizaines d’années.
Mais si la classe politique peut tromper les citoyens un temps, elle ne pourra pas les tromper tout le temps. Si elle continue de faire du mensonge une méthode de gouvernement, le Brexit risque de faire des émules…
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1 commentaire:
Heureusement, les dirigeants politiques anglais ont tenu compte du vote des citoyens à la différence des dirigeants français qui se sont assis sur le résultat du référendum de juin 2016...
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