Résistance, c’est le mot qui résume sa vie de journaliste consacrée aux luttes sociales, aux précaires, aux oubliés, aux prolos à travers ses reportages et ses documentaires...
Il y avait chez cet homme une solennité et une détermination dans le verbe et dans l’attitude. Sa voix, même en "off", venait donner à l’image de ses reportages et de ses documentaires une marque toute particulière d’authenticité et d’engagement.
Marcel Trillat n’était pas du genre à se faire dicter ses textes, tout dans son énonciation, son visage, son regard, trahissait une conviction, un engagement intellectuel vivace dans ce qu’il restituait.
Retour sur son parcours
En
1965, il intègre l’équipe de « Cinq colonnes à la une », le grand
magazine de l’ORTF. Un hasard incroyable. L’équipe de l’émission était venue
faire un reportage dans la ferme familiale, c’est là qu’il fait connaissance
avec Pierre Desgraupes, l’un des patrons du magazine. Il passe le voir à Paris
et il est engagé comme stagiaire. Il a 25 ans, et beaucoup plus de convictions que
de compétences.
Il
participe également à des entreprises collectives militantes comme UNICITE ou
le CREPAC (Centre de recherche sur l'éducation permanente et l'action
culturelle) qu'il transformera en société de production avec Roger Louis.
En
1967, son reportage sur le 1er Mai à Saint-Nazaire est réalisé avec Hubert
Knapp. Au bout de deux mois de grève, les 3 200 dockers des chantiers de
l’Atlantique ont emporté la victoire. Muguet, casquettes, accordéon. Un chef
d’œuvre de 24 minutes qui sera interdit par la direction et le gouvernement. Il
montre qu’un an avant Mai 68, la France bouillonnait déjà.
En
1968, ses principes éthiques et convictions franches lui ont valu des
déboires : licenciement en 1968
Après
Mai 68, fini Cinq colonnes à la une, les journalistes contestataires sont
massivement licenciés et bien sûr, Marcel est dans la charrette.
En
1976 dans le cadre d'une formule rajeunie de L'Humanité Dimanche, il y
ouvre avec Marcel Bluwal une rubrique de reportages, « Une
vie ». Il a publié depuis lors plusieurs articles dans L'Humanité.
En
1979-1980, il participe, avec le journaliste Jacques Dupont, à la radio
libre Lorraine cœur d'acier mise en place par la CGT au
moment des luttes syndicales du
bassin sidérurgique de Longwy.
En
1980, il est mis à l’index par la CGT.
En
1981, il entre à Antenne 2 et gravit les échelons de la rédaction.
En
1986, il est « mis au placard » de France 2 par la droite.
En
1989, il devient directeur adjoint de l’information en 1989.
En
1991, il est mis au placard de France 2 par la gauche.
En
2001, il est administrateur, élu CGT, de France Télévisions jusqu’à son
départ à la retraite
En
2006, à son départ en retraite en 2006, Il réalise des documentaires.
En
2009, Marcel Trillat est un soutien de longue date du PCF, ainsi que
du Front de gauche aux élections européennes de 2009.
En 2011,
il soutient publiquement Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de
gauche à l'élection présidentielle.
En
2015, il est parmi les signataires de l'Appel des 58 : « Nous
manifesterons pendant l'état d'urgence ».
En 2019,
il appelle à voter pour la liste du Parti communiste français menée
par Ian Brossat pour les élections européennes.
On est aujourd’hui passé à BFM TV, France 2 et consort (la liste est longue) dont les journalistes ânonnent comme des moulins à paroles les platitudes préformatées par leurs clubs de bienpensance. Certes ils portent la cravate et le costume, ont le cheveu lisse et le sourire immaculé mais ne font illusion qu’aux esprits faibles...
Marcel
Trillat, lui, ne cherchait pas à séduire ou à plaire mais simplement à porter
la parole et l’image avec la force de ses convictions pour parler du monde
"tel qu’il est" sans fard ni tromperie.
Que
son parcours et son engagement puissent inspirer tous ceux qui se réclament du
journalisme authentique !
Filmographie :
Une petite
fille de sept ans, coréalisé avec Paul Renty (ORTF, 1966)
Ce jour-là,
coréalisé avec Paul Seban et Jacques Krier (Dynadia, 1967)
1er mai à
Saint-Nazaire (ORTF, 1967)
Etranges
Etrangers (CREPAC/Scopcolor, 1970)
Travailleurs
Fantômes (Envoyé Spécial, France 2, 1994-1995)
Les Enfants
de la dalle (Envoyé Spécial, France 2, 1988)
300 jours
de colère, Les Prolos (VLR productions, France 2, 2002)
Femmes
précaires (VLR productions, 2005)
Photo Creative Commons
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