En
France, la situation des écosystèmes demeure préoccupante. Des pressions
diverses fragilisent la biodiversité du territoire, comme la fragmentation des
milieux naturels, les pratiques agricoles intensives, les différents types de
pollution, le dérèglement climatique et l’artificialisation des sols.
Si les parcs naturels régionaux se développent dans l’Hexagone, atteignant aujourd’hui le nombre de 56, soit plus de 15 % du territoire national, cette notion de « parc naturel » ne protège pas toujours les milieux concernés. Il n’existe pas en effet de réglementation spécifique pour la mise en œuvre d'une protection, contrairement aux parcs nationaux.
La seule protection se concrétise par une charte qui rassemble des mesures adoptées contractuellement par la Région, les collectivités et l’État mais ces ces instances ont parfois d’autres priorités et peuvent librement déroger à ces promesses de protection, comme l’illustre le cas du projet de carrière à Mazaugues, dans le Parc Naturel Régional de la Sainte Baume.
Pollution de l’eau et risques
d’effondrement
Outre la biodiversité végétale et animale exceptionnelle qu’il abrite, le Parc Naturel Régional de la Sainte Baume, qui est par ailleurs classé Natura2000, possède une autre richesse : ses réserves d’eau. En partie liée au milieu karstique qui caractérise ce territoire, ces réserves abondantes alimentent huit des principaux cours d’eau de la région et jouent un rôle-clé pour la vie aquatique et les milieux humides.
C’est au-dessus de cette masse souterraine d’eau potable, la plus importante du Var, que l’entreprise Provence Granulats tente d’imposer son projet de carrière depuis 2008. À l’époque, une demande avait également été émise par l’entreprise ValSud (filiale du groupe Veolia) pour un centre d’enfouissement technique. « Ces deux projets menaçaient un site d’une biodiversité rare et une réserve d’eau très importante, ce qui a motivé tous ceux qui connaissaient la richesse des lieux à lutter contre », explique Thierry Gontier, du Collectif Anti-Carrière de Mazaugues (CACM).
De nombreux
citoyens se sont alors mobilisés, aux côtés de plusieurs élus locaux, pour
dénoncer cette menace de pollution de l’eau et la pression sur les espèces
protégées, mais aussi les risques d’effondrement que fait peser le
projet de carrière.
Si
Valsud a fini par abandonner le projet de décharge, ce n’est pas le cas de
Provence Granulats, qui affirme qu’il n’y a aucun risque de pollution ni
d’effondrement, tout comme elle niait au départ l’existence de galeries
souterraines remplies d’eau et servant d’habitat à de nombreuses espèces de
chiroptères. La réserve d’eau, qui alimente notamment l’agglomération
de Toulon a pourtant été reconnue comme « stratégique » depuis lors.
Malgré
ces éléments, les recours en justice menés pour empêcher le démarrage de
l’exploitation ont tous été déboutés par les tribunaux. Même la motion signée
par quelques 52 maires de la région contre la carrière est restée sans
effet. Les services de l’état sont par ailleurs restés sourds aux demandes
de rencontres des associations et aux recours gracieux. La préfecture du
Var se borne à confirmer que « toutes
les procédures de ce dossier ont été validées par les différentes juridictions
saisies. »
Dernière action en date, le recours déposé devant le conseil d’état n’a pas abouti non plus mais les opposants au projet n’ont pourtant pas encore dit leur dernier mot. « Nous avons sollicité les services d’avocats spécialisés dans l’environnement qui étudient les dossiers en vue d’attaquer le permis de construire » précise Thierry Gontier. Pour financer ces nouveaux frais de justice, une cagnotte a été mise en ligne et une pétition est disponible pour marquer l’opposition à un projet destructeur pour la biodiversité de cet espace protégé...
Signer la pétition ICI
Photo Creative Commons
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