Avec
19,9 milliards d’euros de déficit prévu (notons la précision de la prévision…),
le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2012, présenté
conjointement par Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Roselyne Bachelot, se
veut optimiste mais ne fait qu’utiliser, encore une fois, les mêmes recettes
dérisoires et injustes.
Au menu, il s’agit toujours de baisse des taux de remboursement, voire de déremboursement complet de nombreux médicaments, taxes diverses, forfaits médicaux à la charge de chaque patient, etc. pour l’Assurance Maladie ou d’allongement de la durée des cotisations et de baisse du niveau des pensions pour l’Assurance Vieillesse. François Fillon va même jusqu'à proposer l'alignement de l’âge de départ à la retraite sur l’Allemagne, à 67 ans !
Et pourtant, d’autres solutions existent mais elles se heurtent depuis longtemps à une volonté farouche de ne pas toucher au mode de financement actuel de la Sécurité sociale…
Au menu, il s’agit toujours de baisse des taux de remboursement, voire de déremboursement complet de nombreux médicaments, taxes diverses, forfaits médicaux à la charge de chaque patient, etc. pour l’Assurance Maladie ou d’allongement de la durée des cotisations et de baisse du niveau des pensions pour l’Assurance Vieillesse. François Fillon va même jusqu'à proposer l'alignement de l’âge de départ à la retraite sur l’Allemagne, à 67 ans !
Et pourtant, d’autres solutions existent mais elles se heurtent depuis longtemps à une volonté farouche de ne pas toucher au mode de financement actuel de la Sécurité sociale…
Comme
d’habitude, les ministres de Nicolas Sarkozy manipulent les chiffres des
déficits en parlant tantôt de la branche maladie, tantôt de la branche
vieillesse du seul régime général alors que les problèmes de déficit de la
Sécurité sociale doivent être analysés dans leur ensemble, toutes branches et
tous régimes confondus. Début septembre d’ailleurs, dans son rapport annuel sur
la Sécurité sociale, la Cour des comptes, en prenant le périmètre le plus
large, à savoir le régime général, les autres petits régimes et le Fonds de
solidarité vieillesse, avait parlé d'un déficit historique de près de 29,8
milliards d'euros...
Malgré ce constat accablant, l’UMP se contente de peu à propos de ce PLFSS : « Les dépenses sont contenues grâce aux efforts des Français » mais pour Yves Bur, rapporteur du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale, une hausse de la CSG risque de se révéler prochainement nécessaire…
Autre piste pour augmenter les recettes, parfois évoquée à droite, au centre ou chez certains membres strausskasiens du PS comme Manuel Valls, l’instauration d’une TVA sociale qui irait directement alimenter les caisses de la protection sociale mais qui aurait pour conséquence d'entamer le pouvoir d’achat des personnes les plus modestes déjà durement frappés par le niveau insupportable des impôts indirects (plus de 80% des recettes budgétaires de l’Etat…)
Malgré ce constat accablant, l’UMP se contente de peu à propos de ce PLFSS : « Les dépenses sont contenues grâce aux efforts des Français » mais pour Yves Bur, rapporteur du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale, une hausse de la CSG risque de se révéler prochainement nécessaire…
Autre piste pour augmenter les recettes, parfois évoquée à droite, au centre ou chez certains membres strausskasiens du PS comme Manuel Valls, l’instauration d’une TVA sociale qui irait directement alimenter les caisses de la protection sociale mais qui aurait pour conséquence d'entamer le pouvoir d’achat des personnes les plus modestes déjà durement frappés par le niveau insupportable des impôts indirects (plus de 80% des recettes budgétaires de l’Etat…)
Un autre mode de financement est possible pour les salariés et l’ensemble des personnes physiques
Pour faire face au déficit chronique de la Sécurité sociale, Michel Rocard avait en son temps créé la CSG et une assiette de cotisations un peu plus large, mettant à contribution l’ensemble des revenus des personnes physiques (revenus salariaux, revenus de remplacement, revenus financiers). Mais la CSG reste encore un prélèvement «proportionnel», donc injuste parce que ne taxant pas les foyers fiscaux selon leur faculté contributive, comme peut le faire l’impôt progressif sur les revenus.
La part des salaires dans la richesse produite chaque année ayant baissé de 10 points ces trente dernières années et les différentes prestations maladie, familiales ou vieillesse étant accessibles à tous les citoyens, le principe de solidarité nationale exigerait que soient mis à contribution l’ensemble des revenus des personnes physiques. L’actuelle CSG pourrait donc être fusionnée avec l’impôt progressif sur le revenu en constituant ainsi une sorte de cotisation universelle de Sécurité sociale.
C’est d’ailleurs une proposition du PS mais celui-ci reste curieusement discret sur ce nouveau volet « recettes », pourtant présenté comme la principale manière de rétablir l’équilibre de la Sécurité sociale. La tentation est sans doute grande d’en faire profiter prioritairement le budget de l’Etat mais il sera primordial d’affecter ces nouvelles recettes à l’ensemble des régimes de Sécurité sociale, toutes branches confondues, si toutefois un projet de loi voit le jour en 2012…
Cela s’inscrirait dans le cadre d’un autre financement à la fois plus rémunérateur et plus juste qui présenterait de nombreux avantages :
- une nouvelle assiette des cotisations, bien plus large que l’assiette salariale
- un traitement égal pour tous les citoyens, quel que soit le statut de chacun : actifs, retraités, salariés du secteur privé, fonctionnaires, artisans, commerçants, professions libérales, chefs d’entreprises, etc.
- une protection du salaire net par l’arrêt de la hausse des taux de cotisations
- Dans le cas particulier de la branche vieillesse, il semble toutefois difficile d’abandonner totalement les cotisations sur salaires car la retraite est basée avant tout sur le salaire perçu. Aux cotisations sur salaires actuelles pourrait donc venir se greffer une partie de ces nouvelles recettes. Un tel financement mixte existe déjà plus ou moins pour les régimes spéciaux de retraite, notamment ceux des gaziers, cheminots, agents de la RATP, financés à plus de 60% par des subventions de l’Etat.
Les cotisations des entreprises
Le
problème de l’étroitesse de l’assiette salariale se pose également pour les
cotisations des entreprises, dites cotisations patronales. En effet, les
entreprises à fort taux de main d’œuvre, avec une forte masse salariale mais
une faible valeur ajoutée, se trouvent pénalisées par rapport à celles ayant une
faible masse salariale mais une haute valeur ajoutée.
Le
remplacement des cotisations patronales par une contribution sur la valeur
ajoutée serait la mesure la plus appropriée et équivaudrait à la création d’une
«CSG entreprise». Cette proposition fut explorée à plusieurs reprises au
travers de divers rapports commandés par le passé, aussi bien par Alain Juppé
que par Lionel Jospin, anciens premiers ministres mais elle est restée lettre
morte…
Un tel
changement d’assiette des cotisations patronales serait une véritable
révolution. Il reviendrait pour la première fois à inclure les profits
d’exploitation des entreprises dans l’assiette de financement de la Sécurité
sociale, notamment les entreprises ayant «ajusté à la baisse» leur masse
salariale à l’occasion de restructurations ou délocalisations.
La
«CSG entreprise» aurait également des effets bénéfiques sur l’emploi des PME,
souvent étranglées par les contraintes imposées par les «donneurs d’ordre».
Plusieurs syndicats sont pour cette raison, favorables à cette nouvelle
assiette qui serait de surcroît beaucoup plus stable que l’assiette salaire. La
confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) et l’Union
patronale artisanale (UPA) y sont particulièrement favorables, à la différence
du MEDEF.
La CSG
entreprise serait enfin facile à mettre en place car elle existe déjà en germe
dans la contribution sociale de solidarité sur les sociétés (C3S), assise sur
la valeur ajoutée, mais dont le taux est très faible. Pour réaliser un
basculement des cotisations patronales vers cette CSG entreprise, il suffirait
de leur substituer une C3S dont le taux serait fortement majoré en fonction de
la nature du basculement total ou partiel des cotisations actuelles sur
salaires.
Les exonérations de charges et la dette de l’Etat
Une
réforme en profondeur du financement de la Sécurité sociale ne peut ignorer
également le problème des exonérations de charges accordées indistinctement aux
entreprises, ni le problème de la dette de l’Etat envers la Sécurité sociale.
Les
exonérations ou baisses de charges (près de 30 milliards d’euros chaque année)
n’ont jamais suscité les créations d’emplois annoncés. Leur suppression devrait
favoriser un retour rapide à l’équilibre des comptes. Cependant, la situation
financière des entreprises étant fortement hétérogène, leur maintien pourrait
être envisagé pour les entreprises fortement créatrices d’emplois et ne
délocalisant pas.
Quant
à la dette de l'Etat, elle serait pour l’exercice 2010 de 2,5 Md€ selon les
dernières hypothèses retenues par l'agence centrale des organismes de sécurité
sociale (ACOSS). Son montant est lié principalement aux exonérations de
cotisations ((1,8 Md€) que l’Etat s’était engagé à prendre à sa charge
(contrats divers, exonérations dans les DOM, etc.) ou aux prestations sociales
versées pour le compte ou prises en charge par l’Etat sans que les budgets
votés suffisent à couvrir la dépense.
Mais
François Baroin a annoncé à la dernière Commission des comptes de la Sécurité
sociale que l'excédent du panier fiscal compensant les exonérations Fillon (1,6
Md€) serait utilisé pour réduire la dette de l'État, ce qui signifie que les
comptes du régime général seront dégradés d'autant…
Autre
particularité de la France dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, cette
dette n’apparaît ni dans le déficit budgétaire (les sommes n’étant pas
effectivement versées par l’Etat), ni dans le déficit de la Sécurité sociale
(qui, elle, intègre ces créances dans ses comptes). Quant aux coûts de
trésorerie associés à la dette, ils représentent plusieurs dizaines de millions
d’euros !
Aujourd’hui
donc, une vraie réforme du mode de financement de la Sécurité sociale suppose
d’en finir avec les «bricolages» à courte vue et exige de faire appel à la
solidarité nationale pour couvrir les besoins des différentes branches,
maladie, famille et vieillesse des différents régimes.
Si le
système de financement basé principalement sur le recouvrement de cotisations
sur salaires a relativement bien fonctionné pendant les «trente glorieuses», il
a atteint ses limites depuis de nombreuses années. Et faute d’un choix
politique clair en faveur d’une autre assiette de financement, ce sera sur les
ménages les plus modestes et les revenus du travail que pèsera encore le
fardeau de la solidarité…
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