01 septembre 2016

Démission d’Emmanuel Macron : la vérité n’est pas celle que l’on veut nous faire croire...

Président de la République française depuis le 14 mai 2017Au lendemain de la décision d’Emmanuel Macron de démissionner de ses fonctions de Ministre de l’Economie, tous les médias, presse écrite, chaînes d’infos en continue ainsi que Les Républicains, le PS et même François Hollande à demi-mots, présentent cette démission comme un coup de poignard dans le dos du gouvernement et comme la preuve d’une ambition personnelle démesurée.

Mais la réalité semble toute autre car tout indique que François Hollande et Emmanuel Macron ont pris cette décision de concert…


Le 15 mai 2012, Emmanuel Macron devient secrétaire général adjoint de l'Élysée. Il seconde le nouveau secrétaire général, Pierre-René Lemas. A ce poste, il sera notamment l'un des artisans, voire à l'origine du pacte de responsabilité et de solidarité et du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi.
Le 10 juin 2014, l’Élysée annonce qu'il quitte le cabinet de François Hollande. Son titre et rang protocolaire de secrétaire général adjoint de l’Élysée n'est en revanche pas conféré à celle qui reprend les dossiers économiques et financiers et qui aura seulement le titre de chef du pôle économie et finance. Le secrétaire général de l’Élysée, Jean-Pierre Jouyet, indique alors qu’Emmanuel Macron quitte la présidence « pour mener des projets personnels dans les domaines de l’enseignement et de la recherche ».
Mais curieusement le 26 août 2014, il est nommé ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique dans le gouvernement Valls II, en remplacement d'Arnaud Montebourg. Devenant ainsi le plus jeune ministre de l’Économie depuis Valéry Giscard d'Estaing dans le premier gouvernement de Georges Pompidou en 1962, il est qualifié par certains médias et acteurs politiques " d'anti-Montebourg " et de " symbole " d'un virage social-libéral de l'exécutif.  
Le petit protégé de François Hollande, deloriste comme lui, aurait donc, en donnant sa démission de  ministre de l’Economie, trahi son tuteur en voulant faire cavalier seul et se présenter à la prochaine élection présidentielle en 2017. Cette explication fait les beaux titres de la presse et des médias audio-visuels mais elle est un peu juste car c’est mal connaître l'art du double langage et les contorsions politiques de François Hollande.

Emmanuel Macron candidat à la présidence de la république ?

Il y a quelques mois, un débat avait lieu à gauche à propos d'une éventuelle primaire pour désigner le futur candidat du PS à l'élection présidentielle. Dans un premier temps, l’exécutif gouvernemental et le Parti socialiste se montraient réservés, voire opposés à cette idée. Le le président sortant, candidat naturel de la gauche, ne pouvait s’abaisser à passer par la case primaire.
Peu de temps après,  on assistait à un changement complet de pied de la part de Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du PS et de Manuel Valls, Premier ministre, avec sans doute l’accord préalable de François Hollande. L'organisation d'une primaire du PS et de ses alliés radicaux de gauche et Verts pro-gouvernementaux, pour désigner le candidat de la gauche avait désormais toutes les vertus.
Que s’est-il passé entre ces deux épisodes ? Les sondages confirmant une dégringolade dans les intentions de vote, François Hollande a considéré que sa candidature n'allait plus de soi. Sa chute de popularité est telle qu'elle le met à un niveau jamais atteint sous la Vème République. La possibilité qu'il ne puisse atteindre le deuxième tour de l’élection est très probable selon tous les observateurs de la vie politique. Certains sondages indiquent même qu’au premier tour, Jean-Luc Mélenchon pourrait dépasser François Hollande, ce dernier arrivant alors quatrième position (12 à 15 % de suffrages seulement), derrière Marine Le Pen, le candidat de droite et Jean-Luc Mélenchon.
Avec son départ du gouvernement, Emmanuel Macron pose certes des jalons pour 2017 et bouscule le calendrier du PS qui est dans une position attentiste. Pour autant, le dirigeant d’« En Marche » ne lève pas encore toutes les interrogations sur l'avenir. Va-t-il se présenter ? Contre François Hollande ? Seul sans François Hollande ? Participera-t-il à la primaire du PS et de ses alliés ? Ou si François Hollande se présente, appellera-t-il au dernier moment à favoriser sa réélection en demandant à ses électeurs potentiels du centre et de la droite de se reporter au premier tour sur le nom du président de la République ?
Depuis le changement de cap sur la primaire, la réflexion personnelle de François Hollande a sans doute encore évolué. Sa décision finale, qu’il doit annoncer officiellement mi-décembre, pourrait être en fait déjà prise et communiquée à Emmanuel Macron. Dans tous les cas, l'échec cuisant du quinquennat est déjà acté par bon nombre d'observateurs politiques, y compris au sein même des proches du président de la République.
Mais de deux choses l’une : soit François Hollande ne sera pas candidat à sa propre succession en 2017 et Emmanuel Macron pourrait alors se lancer franchement dans la campagne présidentielle vers la mi-novembre, soit François Hollande décide néanmoins de se présenter et pourrait éventuellement ensuite, si les sondages ne s'améliorent pas, se désister en faveur d'Emmanuel Macron avant le premier tour. Réciproquement Emmanuel Macron pourrait apporter son soutien à un François Hollande mieux placé que lui dans les sondages. Se présenter l'un et l'autre au premier tour de l'élection, voire l'un contre l'autre, serait suicidaire pour les deux ! 

Emmanuel Macron semble cependant très serein, d'autant plus que François Hollande, s'il décide d'y aller, devra encore remporter la primaire du PS, notamment contre  Arnaud Montebourg, ce qui est loin d'être évident. Dans tous les cas de figure, il était important qu’Emmanuel Macron démissionne de son poste de ministre de l'Economie pour être plus libre et préparer ainsi la suite des événements. Les deux hommes, au cours de leur longue discussion privée, ont sans doute avaliser cette démission d'un commun accord et mis au point leur stratégie future.

SI François Hollande, à n'en pas douter, désire se représenter pour un second mandat, la possibilité d'être battu à la primaire du PS - et s'il remporte la primaire la possibilité d'arriver en troisième ou quatrième position au premier tour de l'élection présidentielle -  pourrait sérieusement le faire réfléchir avant de déclarer sa candidature...


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