30 août 2020

Non au retour des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles en France !

Tueurs d'abeillesEn dépit d'années de lutte des apiculteurs, des ONG, des citoyens et de centaines d'études scientifiques qui alertent contre les effets destructeurs des pesticides sur les abeilles, le ministère de l'Agriculture va émettre une proposition de dérogation pour que les néonicotinoïdes puissent être utilisés sur le sol français pour trois années encore.

Avec l'aide du ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Julien Denormandie, l'industrie agrochimique est en train ainsi de passer en force pour continuer à commercialiser des néonicotinoïdes tueurs d'abeilles en France...



Les parlementaires français avaient décidé, en 2016, d'interdire les pesticides néonicotinoïdes en France à partir de 2018, mettant ainsi un terme à plus de 20 années de massacre des abeilles et des pollinisateurs sauvages au profit de l'industrie agrochimique.

Faut-il le rappeler ?

Les scientifiques ont démontré les effets délétères des néonicotinoïdes, même à faible dose sur :
  • le comportement alimentaire des abeilles et des bourdons,
  • l’activité de butinage,
  • la capacité à communiquer entre elles,
  • le fonctionnement de leurs facultés sensorielles olfactives ou visuelles,
  • l’aptitude à voler, à apprendre et mémoriser,
  • la capacité à résister aux parasites,
  • l'affaiblissement de leur système immunitaire,
  • la fécondité des reines, leur activité de reproduction ou leur capacité à initier une nouvelle colonie, y compris chez les pollinisateurs sauvages,
  • la mortalité des larves d’abeilles, les modifications génétiques engendrées sur les couvains, les séquelles dans leur développement futur,
  • sans compter les études qui montrent un lien direct entre extinction des pollinisateurs sauvages et néonicotinoïdes, la méta-analyse de la Task Force on Systemic Pesticides qui réunit plusieurs dizaines de chercheurs et 1121 publications à propos des effets catastrophiques de ces pesticides sur l'ensemble des écosystèmes.
Contrairement à ce qu'affirment les autorités sous l'influence de l'industrie, les plantes de bord de champ sont bel et bien contaminées par les résidus de pesticides, ainsi que les fleurs sauvages, leur pollen et leur nectar, intoxiquant les abeilles sauvages et domestiques qui les butinent. 

De même, puisque plus de 80 % du produit pesticide présent sur les cultures traitées par enrobage est lessivé dans les sols et les nappes phréatiques où on relève sa présence jusqu'à trois années plus tard, toutes les cultures suivantes pendant ces années seront potentiellement mortelles pour les pollinisateurs !

La disparition des pollinisateurs met en péril la capacité de reproduction de la majorité des plantes, fruits, légumes, dont nous avons besoin pour nous nourrir notamment les cerises, pommes, concombres, prunes et citrouilles qui seraient parmi les denrées les plus impactées par le déclin des pollinisateurs. 

Sans pollinisation naturelle des plantes à fleurs, les chercheurs prévoient l'émergence de carences massives et de maladies dans la population, et une augmentation du nombre de décès partout dans le monde, y compris dans les pays jusqu'ici épargnés par la faim.

Pour préserver leur juteux pactole, les puissantes multinationales et leurs armées de lobbys n'hésitent pas à utiliser le désespoir d'agriculteurs mis sur la paille par les réformes successives de leur secteur décidées par l'Union européenne. Ces derniers se retrouvent aujourd'hui dos au mur, coincés dans un système 100 % dépendant des produits chimiques fournis par l'industrie, véritable maître de leur filière de bout en bout.

Il faut à tout prix empêcher cet engrenage funeste, qui signera l'arrêt de mort de millions d'abeilles et pollinisateurs sauvages supplémentaires. 

En Europe, le moratoire de 2013 portant sur trois néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride) n'a pas entraîné la catastrophe annoncée par l’agrochimie : les lobbys de l'industrie annonçaient une baisse de productivité de 10 % à 50 % pour le maïs, le blé d’hiver, l’orge, le colza, la betterave à sucre et le tournesol. En réalité, les rapports officiels montrent une augmentation des rendements entre 2013 et 2015 !

Malgré ces preuves sans appel, le nouveau ministre de l'Agriculture, sous la pression de l'industrie, est sur le point de signer une première dérogation à l'interdiction des néonicotinoïdes, qui ouvrira une brèche béante dans la loi Biodiversité dans laquelle toutes les grandes industries agrochimiques et semencières ne manqueront pas de s'engouffrer pour tirer leur épingle du jeu et faire fructifier leurs bénéfices.

Si ces dérogations sont acceptées, les tueurs d'abeilles continueront d'être utilisés des années encore dans les champs, imprégnant les nappes phréatiques, ravageant les populations d'abeilles, de syrphes, de papillons, de coccinelles, de crustacés d'eau douce, de vers de terre, indispensables à l'agriculture polluant durablement les sols, et contaminant l'ensemble des fleurs, prairies et haies sauvages !


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1 commentaire:

André a dit…

Il y a cinquante ans déjà, Albert Einstein avait insisté sur la relation de dépendance qui lie les butineuses à l’homme : « Si l’abeille disparaissait du globe, avait-il prédit, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre »...