De mars 2021 à mars 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 4,5%. Entre les mois de février et mars 2022, l'indice des prix a grimpé de 1,4%, après une hausse de 0,8% entre janvier et février.
Dans ces conditions, les Français ont de plus en plus de difficultés pour boucler leurs fins de mois et payer les factures d’électricité, de gaz, d’eau, etc. De plus en plus de salariés économisent sur la pause-déjeuner en n’allant plus déjeuner tous les midis au restaurant, y compris le restaurant d'entreprise. C'est le grand retour de la gamelle et de la cuisine fait-maison.
Si la
hausse du revenu des ménages est toujours officiellement légèrement positive,
c’est parce qu’elle concerne le revenu moyen des ménages qui n’est qu’une
simple moyenne mathématique ne correspondant à aucune réalité
socioprofessionnelle.
Cette
situation est encore aggravée par un indice des prix calculé par l’INSEE,
datant de 1946 et qui est loin de refléter la réalité quotidienne car la mesure
de l’inflation ne concerne que les prix à la consommation. Cet Indice n’a
jamais intégré par exemple l’augmentation des prix camouflée par les
« arrondis » opérés nettement à la hausse après le passage à l’euro
ou l’augmentation de prix d’un produit nouveau identique à l'ancien mais
présenté sous une autre forme.
Que fait le gouvernement ?
Il en est de même pour les salariés du secteur privé. Une perte de 1,4% est attendue au premier trimestre 2022, par rapport au trimestre précédent. On n’avait pas vu un pareil recul depuis 2012 et la crise de la zone euro. Dans de nombreuses branches professionnelles, le salaire d’embauche est souvent inférieur au SMIC. Une prime dite « résorbable » est alors versée aux salariés concernés mais sans toucher aux revenus supérieurs au SMIC, cette pratique est responsable d’un tassement continu des salaires vers le bas dans de plus en plus de branches professionnelles !
La perte de pouvoir d'achat touche également les bénéficiaires de prestations diverses (pensions de vieillesse ou d’invalidité, retraites complémentaires,
allocations chômage, allocations familiales, allocations logement, etc.) versées
par des organismes qui utilisent des mécanismes d’indexation plus ou moins
originaux qui ne tiennent pas compte du taux d'inflation réel !
Le nouveau monde promis par Emmanuel Macron se solde ainsi par une situation inédite : une perte de pouvoir d’achat pour tous les salariés et retraités depuis le début de son quinquennat.
Seule une indexation des salaires et des pensions sur le taux d'inflation peut préserver durablement le pouvoir d’achat
La régression du pouvoir d’achat des salariés et retraités vient cependant de loin. C’est en effet au début des années
80 que François Mitterrand et son ministre de l'Economie et des Finances,
Jacques Delors, ont entamé le tournant de la rigueur en supprimant
l’indexation automatique des salaires sur le taux d’inflation qui protégeait
jusqu'alors les salariés et qui datait de juillet 1952 sous la
présidence de Vincent Auriol (SFIO). Ce fut un coup
fatal particulièrement dramatique pour 40% d’entre eux déjà victimes du
chômage total ou partiel, du temps de travail partiel subi, d’un déménagement
pour cause professionnelle, etc.
A cette
époque, le gouvernement bloqua dans la Fonction publique les rémunérations qui
avaient suivi jusqu’ici l’évolution des prix. Il incita ensuite les employeurs
du secteur privé à agir de même. Les clauses d’indexation des rémunérations sur
les prix furent ensuite retirées une à une des conventions collectives dans les
années qui suivirent. Les lois Auroux réaffirmèrent leur interdiction dans le
Code du Travail, article L.141-9 : « sont
interdites, dans les conventions ou accords collectifs de travail, les clauses
comportant des indexations sur le salaire minimum de croissance ou des
références à ce dernier en vue de la fixation et de la révision des salaires
prévus par ces conventions ou accords. »
Aujourd'hui, seule
une réintroduction de l’échelle mobile des salaires serait de nature à préserver durablement le niveau de vie de tous
les salariés et retraités sans que les syndicats aient à ferrailler chaque
année contre les gouvernements successifs ou les organisations patronales.
L’échelle
mobile favorise en outre une solidarité entre les travailleurs des secteurs
forts et ceux des secteurs faibles ainsi qu’entre les travailleurs actifs et
inactifs. Elle est un facteur de stabilité sociale : les négociations
salariales peuvent se concentrer sur l’augmentation réelle des salaires. C’est
également un facteur de stabilité économique car le maintien du pouvoir d’achat
représente un facteur de consommation et donc de croissance économique.
Ce
système existe dans plusieurs pays comme la Belgique et le Luxembourg. Il
peut revêtir différentes formes (ajustement automatique des salaires à chaque
variation de l'indice des prix, ajustement dès que l'indice choisi dépasse un
certain seuil, ajustement à périodes fixes en fonction des variations
enregistrées, etc.). Il existe également mais sans caractère automatique en
Allemagne ou aux Pays-Bas : les syndicats doivent alors négocier pour compenser
la perte de pouvoir d’achat subie depuis les négociations précédentes à la
suite de l’inflation.
Et
contrairement à ce qu’affirment certains pseudo-consultants qui professent à
longueur d’année sur les plateaux télé, une réintroduction de l’échelle mobile
des salaires, ne nuirait pas au développement économique. Elle ne favoriserait
pas non plus l’inflation car celle-ci est basée sur l’évolution réelle
des prix qui s’est déjà produite au cours du ou des mois précédents. Ces
" experts économiques " ont tendance à confondre les
notions de réelle augmentation des salaires (supérieure au taux d’inflation) et
de simple maintien du pouvoir d'achat suite au mécanisme d’indexation (égal au
taux d’inflation).
La question du pouvoir d'achat des salariés et retraités est devenu un des thèmes majeurs de la campagne présidentielle. Emmanuel Macron déclare être favorable à la défense du pouvoir d’achat et promet tantôt l’ouverture de grandes négociations salariales, tantôt des coups de pouce salariaux ou des primes diverses, mais ne propose pas de protéger durablement le pouvoir d’achat des Français en réintroduisant un système d’indexation des salaires et retraites sur le taux d’inflation…
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