Elle vivait et travaillait à Jérusalem-Est,
réalisant des reportages sur les événements majeurs liés au conflit
israélo-palestinien…
Shireen Abu Akleh naît en 1971 à Jérusalem, dans une famille de chrétiens arabes de Bethléem. Elle fréquente l'école secondaire de Beit Hanina, puis s'inscrit à l'Université jordanienne des sciences et technologies pour étudier l'architecture. Elle étudie ensuite dans le cadre d'un échange à l'Université de Yarmouk en Jordanie, où elle obtient un master en journalisme.
Shireen Abu
Akleh a travaillé comme journaliste pour RMC et Voice
of Palestine. En 1997, elle commence à travailler pour Al Jazeera,
acquérant une certaine notoriété sur la version de la chaîne en langue arabe. Elle a souvent
couvert des funérailles de Palestiniens.
Les forces israéliennes sont suspectées par l’Autorité palestinienne d’avoir tiré sur elle le 11 mai 2022, alors qu'elle couvrait une opération sur Jénine en Cisjordanie, menée en représailles à une suite d'attentats terroristes. Elle est transportée à l'hôpital Ibn Sina, où elle est déclarée morte. Elle avait 51 ans. Un autre journaliste, Ali Samoadi du journal Al-Quds, a reçu une balle dans le dos mais a survécu à ses blessures.
Le 12 mai, une
cérémonie posthume est organisée à Ramallah pour rendre hommage à la
journaliste. De nombreux officiels, dont Mahmoud Abbas, le président de
l'Autorité palestinienne, sont présents, ainsi que plusieurs milliers de
personnes
Le 13 mai 2022, à la sortie du cercueil de l'hôpital Saint-Joseph, situé à Jérusalem-Est, des heurts éclatent après que des manifestants ont entonné des chants et brandi des drapeaux palestiniens. Les forces de l'ordre israéliennes ont chargé la foule et fait usage de violence, le cercueil de Shireen manquant de tomber au sol.
Ces faits
provoquent un tollé international. L'Union européenne condamne les violences
commises par les forces de l'ordre israéliennes, la délégation européenne
auprès des Palestiniens se déclarant « consternée par la violence
dans l’enceinte de l’hôpital Saint-Joseph et par le niveau de force inutile
exercée par la police israélienne tout au long du cortège funèbre »,
ajoutant que « ces comportements si disproportionnés ne font
qu'attiser les tensions ».
Dans Le
Monde, le correspondant à Jérusalem Louis Imbert considère que le
meurtre de Shireen Abu Akleh place Israël face à « ses
responsabilités d'occupant ». Décrivant l'attitude de l'armée dans sa
communication après la mort de la journaliste, il écrit :
« L’armée israélienne succombe alors à son
travers usuel : elle n’envisage explicitement qu’un seul scénario,
« la possibilité que les journalistes aient été touchés par des tireurs
palestiniens ». À la radio militaire, un porte-parole va jusqu’à assimiler
Mme Abu Akleh à une combattante ennemie. [...] Au-delà du meurtre de Mme Abu
Akleh, dont l’auteur n’est pas formellement identifié à ce jour, ce qui se joue
ici, c’est la difficulté qu’ont les Israéliens à affronter leur responsabilité d’occupants
et les crimes qui l’accompagnent. Parce que Israël, puissance dominante, a
intérêt à renvoyer dos à dos deux narratifs insolubles l’un dans l’autre, et à
demeurer ainsi dans la confusion. »
Il fait
également le lien avec la couverture médiatique de la mort de deux adolescents
palestiniens à Beitunia, en 2014, où la presse locale a selon lui relayé
« sans distance » les assertions de l'État israélien.
Une commission d’enquête internationale indépendante sous l’égide de l’ONU doit pouvoir enquêter et faire la clarté sur ce nouveau crime. L’impunité d’Israël doit cesser car Il s’agit ici une nouvelle fois d’une violation de l’article 2 de l’accord d’association entre l’Union européenne et la Palestine.
Il est grand temps de décider de sanctions. Pourquoi est-ce possible pour la Russie et ça ne l’est pas pour Israël qui foule au pied quotidiennement le droit international et les résolutions de l’ONU ?
La tristesse est d’autant plus grande que de nombreux journalistes et personnalités politiques rencontraient régulièrement Shireen chaque fois qu’ils se rendaient en Palestine.
Adieu Shireen.
Ta voix continuera de porter.
Ton combat pour le droit d’informer continuera.
Photo Creative Commons
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