14 mai 2022

Hommage à Shireen Abu Akleh

Journaliste
Un tir israélien, au cœur de Jénine en Palestine, a eu raison de la douce voix de Shireen Abu Akleh, journaliste américano-palestinienne de la chaîne de télévision Al-Jazeera. 

Elle vivait et travaillait à Jérusalem-Est, réalisant des reportages sur les événements majeurs liés au conflit israélo-palestinien… 


Shireen Abu Akleh naît en 1971 à Jérusalem, dans une famille de chrétiens arabes de Bethléem. Elle fréquente l'école secondaire de Beit Hanina, puis s'inscrit à l'Université jordanienne des sciences et technologies pour étudier l'architecture. Elle étudie ensuite dans le cadre d'un échange à l'Université de Yarmouk en Jordanie, où elle obtient un master en journalisme.

Shireen Abu Akleh a travaillé comme journaliste pour RMC et Voice of Palestine. En 1997, elle commence à travailler pour Al Jazeera, acquérant une certaine notoriété sur la version de la chaîne en langue arabe. Elle a souvent couvert des funérailles de Palestiniens. 

Les forces israéliennes sont suspectées par l’Autorité palestinienne d’avoir tiré sur elle le 11 mai 2022, alors qu'elle couvrait une opération sur Jénine en Cisjordanie, menée en représailles à une suite d'attentats terroristes. Elle est transportée à l'hôpital Ibn Sina, où elle est déclarée morte. Elle avait 51 ans. Un autre journaliste, Ali Samoadi du journal Al-Quds, a reçu une balle dans le dos mais a survécu à ses blessures.

Le 12 mai, une cérémonie posthume est organisée à Ramallah pour rendre hommage à la journaliste. De nombreux officiels, dont Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, sont présents, ainsi que plusieurs milliers de personnes

Le 13 mai 2022, à la sortie du cercueil de l'hôpital Saint-Joseph, situé à Jérusalem-Est, des heurts éclatent après que des manifestants ont entonné des chants et brandi des drapeaux palestiniens. Les forces de l'ordre israéliennes ont chargé la foule et fait usage de violence, le cercueil de Shireen manquant de tomber au sol.

Ces faits provoquent un tollé international. L'Union européenne condamne les violences commises par les forces de l'ordre israéliennes, la délégation européenne auprès des Palestiniens se déclarant « consternée par la violence dans l’enceinte de l’hôpital Saint-Joseph et par le niveau de force inutile exercée par la police israélienne tout au long du cortège funèbre », ajoutant que « ces comportements si disproportionnés ne font qu'attiser les tensions ».

Dans Le Monde, le correspondant à Jérusalem Louis Imbert considère que le meurtre de Shireen Abu Akleh place Israël face à « ses responsabilités d'occupant ». Décrivant l'attitude de l'armée dans sa communication après la mort de la journaliste, il écrit :

« L’armée israélienne succombe alors à son travers usuel : elle n’envisage explicitement qu’un seul scénario, « la possibilité que les journalistes aient été touchés par des tireurs palestiniens ». À la radio militaire, un porte-parole va jusqu’à assimiler Mme Abu Akleh à une combattante ennemie. [...] Au-delà du meurtre de Mme Abu Akleh, dont l’auteur n’est pas formellement identifié à ce jour, ce qui se joue ici, c’est la difficulté qu’ont les Israéliens à affronter leur responsabilité d’occupants et les crimes qui l’accompagnent. Parce que Israël, puissance dominante, a intérêt à renvoyer dos à dos deux narratifs insolubles l’un dans l’autre, et à demeurer ainsi dans la confusion. »

Il fait également le lien avec la couverture médiatique de la mort de deux adolescents palestiniens à Beitunia, en 2014, où la presse locale a selon lui relayé « sans distance » les assertions de l'État israélien.

Une commission d’enquête internationale indépendante sous l’égide de l’ONU doit pouvoir enquêter et faire la clarté sur ce nouveau crime. L’impunité d’Israël doit cesser car Il s’agit ici une nouvelle fois d’une violation de l’article 2 de l’accord d’association entre l’Union européenne et la Palestine. 

Il est grand temps de décider de sanctions. Pourquoi est-ce possible pour la Russie et ça ne l’est pas pour Israël qui foule au pied quotidiennement le droit international et les résolutions de l’ONU ? 

La tristesse est d’autant plus grande que de nombreux journalistes et personnalités politiques rencontraient régulièrement Shireen chaque fois qu’ils se rendaient en Palestine. 


Adieu Shireen. 

Ta voix continuera de porter. 

Ton combat pour le droit d’informer continuera.





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