22 février 2008

Pouvoir d’achat : une hausse illusoire, une baisse assurée...

Baisse
Alors que Nicolas Sarkozy savoure sa lune de miel avec son richissime mannequin, la France compte 2,9 millions de personnes considérées comme en difficulté sur le marché du travail, c’est à dire l’ensemble des chômeurs et personnes souhaitant travailler, selon la dernière enquête européenne d’Eurostat qui se fonde sur la définition du Bureau International du Travail (BIT) concernant le chômage, l’inactivité et l’emploi. 

A ces chiffres, il convient d’ajouter plus de 7 millions de personnes pauvres, au sens des critères retenus par l’union européenne (60% du revenu médian, soit moins de 817 € par mois), 3 350 000 personnes payées au SMIC et 4 500 000 personnes qui touchent un salaire inférieur à 1,3 SMIC ! 

Après avoir fait une campagne présidentielle sur le thème principal du pouvoir d’achat puis accordé un cadeau fiscal de plusieurs milliards d’euros aux personnes les plus aisées, Nicolas SARKOZY s’est octroyé généreusement une augmentation de salaire de 172% pour annoncer finalement que les caisses de l’Etat étaient vides ! Malgré son voyage récent à Saint-Jean de Latran au Vatican, il n’y a pas eu de miracle et tout le monde l’aura compris : la baisse du pouvoir d’achat, c’est d’abord pour les autres…


Transparence, tel était le maître mot lors du débat à l'assemblée nationale, sur l'augmentation du traitement du président de la République. Interrogé par Le Monde, le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, qui a présenté les crédits des pouvoirs publics et défendu les amendements du gouvernement sur le budget de l'Elysée, a fourni ces indications : de 7 084 euros, l'indemnité mensuelle nette du président de la République passera à 19 331 euros, soit une augmentation de 172 %.  

Le bicentenaire de la Cour des comptes a même donné l'occasion à Nicolas Sarkozy de parer de vertu cette augmentation de salaire. Elle s'accomplit dans le cadre plus général d'une "révolution intellectuelle et morale" de l'Etat, qui oblige "à la transparence" et induit "la récompense du mérite et du travail bien fait", a-t-il expliqué. "J'ai voulu que la présidence de la République donne l'exemple"…  

Mais la transparence en matière de pouvoir d’achat, c’est à la fois le problème de son augmentation mas aussi celui de son maintien et de la lutte contre son érosion permanente. Car, depuis la suppression de l’échelle mobile des salaires au début des années 80, le niveau réel des salaires baisse régulièrement en France.  

Au lieu d’envisager de rétablir un système de protection du pouvoir d’achat, un débat surréaliste s’instaure aujourd’hui sur son augmentation hypothétique, pratiquement impossible à mettre en œuvre, compte tenu notamment du “paquet fiscal” d’au moins dix milliards d’euros, contenu dans la loi en faveur du Travail, de l’Emploi et du pouvoir d’achat (TEPA), votée en 2007 par la majorité présidentielle UMP et Nouveau-centre au profit essentiellement des couches sociales les plus favorisées. Dans certains cas aujourd’hui, avec un bouclier fiscal ramené de 60% au 1er janvier 2007 à 50% au 1er janvier 2008, c’est l’Etat lui-même qui rembourse directement les contribuables les plus riches : 563 millions d'euros seront ainsi versées à 18 000 personnes bénéficiant des dernières dispositions du bouclier fiscal, d’après le SNUI (Syndicat national unifié des impôts). 

Des mesures insignifiantes pour augmenter le pouvoir d’achat…  

Lors du passage à l’Euro en 2000, Laurent Fabius notamment avait juré ses grands dieux que le gouvernement serait très vigilant sur l’évolution des prix et que le passage à l’Euro n’aurait aucun impact…  

En juin 2004, Nicolas Sarkozy avait promis une baisse des prix dans les supermarchés grâce à un accord avec les patrons de la distribution et des grandes marques : promesse d’une baisse de 2 % en 2004 et de 1 % en 2005 sur de nombreux produits !  

Or, la revue de défense des consommateurs «Que Choisir ?» mène depuis 4 ans une enquête et a constaté une augmentation des prix de 12,2 % sur 47 articles de grande consommation…C’est l’effet «Euro» !  

La hausse du pouvoir d’achat par la volonté de la grande distribution de baisser les prix relève carrément de l’escroquerie politique. Comment croire que les distributeurs peuvent protéger le pouvoir d’achat des consommateurs alors que leur premier souci de commerçants et l’exigence de leurs actionnaires les conduisent à ne protéger que leurs marges ?  

Comment croire que le débridement effréné de la concurrence entraîne une baisse des prix ? L’exemple du numéro des renseignements 12 devenu 218 suffit à démontrer que cette libéralisation sauvage crée une jungle des prix préjudiciable aux consommateurs. L’exemple de la distribution de l’eau nous montre aussi que la concurrence peut mener à la surfacturation organisée et à l’entente illicite sur le dos des consommateurs.  

Autre plaisanterie de la part du président de la République : le dernier projet de loi sur le pouvoir d’achat, adopté définitivement le 31 janvier 2008 par le parlement, prévoit notamment pour les salariés la possibilité de convertir certaines journées de repos en argent et la monétisation des comptes épargne temps (CET).  

Sous le prétexte de permettre aux salariés de «travailler plus pour gagner plus », le salarié pourra renoncer, en accord avec son employeur, à tout ou partie des journées ou demi-journées de repos acquises avant le 31 décembre 2009 au titre de la RTT. En contrepartie, la rémunération du salarié sera majorée d'au moins le taux applicable à la première heure supplémentaire dans l'entreprise, soit 25 % à défaut d'accord collectif fixant un taux différent. Le salarié disposant d'un CET pourra demander à l'employeur d’utiliser les droits affectés sur son compte au 31 décembre 2009 pour compléter sa rémunération.  

Des millions de salariés vont ainsi pouvoir « travailler plus pour gagner plus » mais en renonçant à leurs congés !  

Mais si le pouvoir d’achat s’érode chaque année, c’est aussi parce que les cotisations sociales n’ont cessé d’augmenter au fil des années pour les salariés comme les employeurs, sauf que ces derniers se sont rattrapés sur les salaires nets qui ont faiblement augmenté, voire stagné ou régressé. Depuis l’entrée en vigueur des 35 heures, les salariés ont certes gagné une réduction du temps de travail (seul aspect positif des Lois Aubry) mais leurs conditions de travail se sont dégradées et un gel des salaires sur plusieurs années a été observé dans la plupart des entreprises. 

Sans compter trois nouvelles franchises médicales entrées en vigueur le 1er janvier 2008 (50 centimes d' € par boîte de médicament, 50 centimes pour chaque acte paramédical et 2 € pour chaque recours à un transport sanitaire) qui viennent s'ajouter aux divers forfaits existants (forfait d'1 € sur chaque consultation ou acte médical, forfait de séjour hospitalier de 16 € par jour, participation de 18 € pour les actes médicaux dits "lourds", ticket modérateur à la charge de chaque assuré social, déremboursements réguliers de nouveaux médicaments, etc.)  

Des nouvelles recettes certes pour le régime général de la sécurité sociale mais ces différents forfaits ponctionnent fortement le pouvoir d’achat des salariés, en particulier celui des plus modestes et aggravent une fiscalité indirecte déjà très lourde en France (80% du budget de l’Etat est aujourd’hui financé par les impôts indirects et seulement 20% par les impôts sur le revenu…).  

Ce recours à la fiscalité indirecte, mettant à contribution de la même façon les personnes les plus aisées comme les plus modestes, constitue pour Nicolas Sarkozy et sa majorité présidentielle UMP-Nouveau Centre la méthode principale pour régler les problèmes budgétaires.  

C’est sans doute celle qui sera utilisée, après les élections municipales, pour éviter que le déficit du budget de la France ne s’aggrave d’avantage. C’est celle qui risque d’être retenue pour compenser la fin des recettes publicitaires sur les chaînes publiques. C’est enfin celle qui est utilisée par les collectivités territoriales pour faire face au désengagement progressif de l’Etat. Or, ces impôts indirects de plus en plus lourds, à l'image de la taxe immobilière ou de la taxe foncière, n’ont jamais été intégrés à l’impôt progressif républicain par aucun gouvernement de droite comme de gauche…et creusent ainsi toujours plus les inégalités sociales. 

L’indice des prix INSEE à réformer mais jamais réformé… 

Le pouvoir d’achat des salariés est d’autant plus difficile à maintenir que l’indice officiel des prix à la consommation, datant de 1946, ne reflète pas la réalité des prix (+ 2,5% pour l’indice des prix, hors tabac, pour l’année 2007).  

Si pour les statisticiens de l’Insee, la hausse du pouvoir d'achat est toujours légèrement positive, c’est parce qu’elle concerne la masse des revenus des ménages et non chaque revenu pris individuellement. Le revenu moyen des ménages n’est ainsi qu’une simple moyenne mathématique qui ne correspond à aucune réalité socioprofessionnelle...  

Cet indice ne dit rien, par exemple, de la fiscalité qui augmente chaque année beaucoup plus que le taux d'inflation ! Il ne dit rien en matière de consommation, quand un nouveau produit est mis en vente, l’augmentation de prix par rapport au produit ancien n’est pas intégrée dans l’indice ! Il n’a jamais intégré l’augmentation des prix camouflée par les «arrondis» opérés nettement à la hausse, notamment après le passage à l’euro et par un blocage ou une diminution des salaires, liés au passage aux 35 heures.  

Aujourd’hui, lors de toutes les négociations salariales, les directions d’entreprise et l’Etat s’appuient sur le chiffre officiel de l’inflation pour négocier comme d’habitude à minima. Au final, la plupart des accords d’entreprise débouchent sur des augmentations inférieures à l’indice Insee, lui-même déjà sous-évalué !  

Et, comme le rappelle justement le CERC (centre de recherche et des coûts), il n'est guère étonnant, dans ces conditions, qu’une forte impression de régression prédomine car la perte nette de pouvoir d'achat est largement supérieure à la (faible) hausse du salaire net moyen, calculée par l'Insee.  

Cette situation est particulièrement dramatique pour 40% des salariés qui voient, chaque année, leur salaire individuel baisser également pour d’autres raisons comme la variation de leur durée de travail ou le déménagement pour cause professionnelle avec une hausse des loyers très forte. 

L'indexation automatique des salaires : seule solution pour protéger le pouvoir d’achat  

En 1982, sous la présidence de François Mitterrand, la gauche a opéré un tournant historique. Voulant lutter contre l’inflation, le blocage des salaires et des prix fut imposé de juin à novembre. En 1983, Jacques Delors, ministre de l'économie et des finances, décida de deux plans d'austérité et le pouvoir d’achat des salariés commença dès lors à diminuer régulièrement, l’échelle mobile des salaires ayant été supprimé sans pour autant que le chômage diminue.  

Aujourd’hui, il convient de stopper cette érosion continue et de réintroduire un système d’indexation des salaires à l’indice des prix car, même si elle plus faible aujourd’hui que dans les années 80, l'inflation touche de plein fouet l'ensemble des salariés et en particulier les plus fragiles.  

En Europe, il n’y a plus que deux pays où l’on trouve encore une indexation automatique : la Belgique et le Luxembourg où les salaires et les allocations sociales (soins médicaux, allocations familiales, pensions, rentes accidents du travail et maladies professionnelles, indemnisations des personnes handicapées, indemnisations chômage, etc.) sont adaptés automatiquement en fonction de l’évolution des prix.  

Dans d’autres pays, des systèmes compensant les pertes de pouvoir d’achat existent bien mais ces mécanismes n’ont pas un caractère automatique. En Allemagne ou aux Pays-Bas par exemple, les syndicats doivent négocier systématiquement pour compenser la perte de pouvoir d’achat subie depuis les négociations précédentes à la suite de l’inflation.  

Le but de l’indexation automatique est donc de maintenir autant que possible le pouvoir d’achat des revenus du travail et des allocations sociales. Et contrairement à ce que disent ses détracteurs, elle ne favorise pas l’inflation car elle est basée sur des faits qui ont déjà eu lieu et sur la base de l’évolution réelle des prix qui s’est déjà produite au cours du ou des mois précédents.  

De plus, elle favorise une solidarité automatique entre les travailleurs des secteurs forts et ceux des secteurs faibles ainsi qu’entre les travailleurs actifs et inactifs. Elle est un facteur de stabilité sociale : les négociations salariales peuvent se concentrer sur l’augmentation réelle des salaires, puisque l’indexation automatique garantit la compensation de la baisse du pouvoir d’achat. C’est également un facteur de stabilité économique car le maintien du pouvoir d’achat représente un facteur de maintien de la consommation et donc de la croissance économique.  

Si la majorité présidentielle UMP-Nouveau Centre ainsi que le PS sont à mille lieues de rétablir un jour l'indexation automatique des salaires en France, les grands organismes économiques comme l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) et le Fonds Monétaire International (FMI), dirigé aujourd’hui par Dominique Strauss-kahn, y sont également hostiles et plaident pour sa suppression dans les pays où elle existe encore … 


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20 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce n'est pas une impression, le pouvoir d'achat a baissé.

Malgré que je gagne plus qu'il y a 10 ans, je n'économise guère plus et si l'on fait les plus et les moins, on s'aperçoit... qu'on ne s'enrichit pas en travaillant.

Fait révélateur, si je voulais acheter mon appartement maintenant, je ne pourrais pas, à moins de m'endetter sur vingt ans et plus fortement qu'a l'époque ou je l'ai acquis, alors qu'a cette période je gagnais nettement moins que maintenant...

Anonyme a dit…

Mais qui sont donc les Français qui votent UMP, PS, Sarkozy, Royal ?

S'il y a tant de pauvres, pourquoi votent-ils (car certains pauvres ont votés cette année) contre leur intérêt ?
Où alors, les pauvres sont-il imbéciles, auquel cas ils auraient ce qu'ils méritent ?

Pourquoi 70% de la population vote-t-elle contre ses intérêts (mais pour ceux de 5% de la population) ?

Ce sont des questions que je me pose depuis 20 ans, sans trouver de réponse.

Anonyme a dit…

C'est bizarre, le gouvernement qui d'habitude compare avec nos voisins européens, ne parle pas des lois dans les pays qui annuellement instaurent une augmentation générale du coût de la vie pour tous les salariés avant de pouvoir obtenir une augmentation individuel au mérite discrétionnaire)...

Vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre…

Anonyme a dit…

Très bon article.

Pour le salaire moyen, dans ma boite c'est 80% des gens à 1.3 SMIC maximun (<19000 € par an, alors qu'il y a 28300 € de moyenne).

Ce sont les deux ou trois hauts salaires des chefs qui font exploser le revenu moyen a eux tout seul.

Le problème vient clairement des hauts salaires sans doute trop hauts pour la compétitivité de l'entreprise.

Anonyme a dit…

Curieux votre démonstration tête à queue ?

Je cite :

Il convient aujourd'hui de stopper cette érosion continue et de réintroduire un système d’indexation des salaires à l’indice des prix car, même si elle plus faible aujourd'hui que dans les années 80, l’inflation touche en priorité les salariés et les couches sociales les plus fragiles.

Puis en conclusion :

Si la majorité présidentielle UMP-Nouveau Centre et le PS sont à mille lieues de penser à rétablir une indexation automatique des salaires en France, les grands organismes économiques comme l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économique (OCDE) et le Fonds Monétaire International (FMI), dirigé aujourd'hui par Dominique Strauss-Kahn, tirent aussi à boulets rouges sur l’indexation automatique et plaident pour sa suppression, là où elle existe encore …

Avouez que vous n'êtes vraiment pas clair pour qui ne possède pas un désembrouilleur neuronal!

Bien cordialement,

Albert Ricchi a dit…

Bonsoir Jean-claude,

La syntaxe est quelquefois un exercice plus difficile qu'il n'y paraît.

Mais vous l'aurez compris : UMP, Nouveau-Centre, OCDE et FMI sont plutôt hostiles à l'échelle mobile des salaires, c'est le moins qu'on puisse dire...

Je ne vois pas de contradiction flagrante entre les deux phrases que vous citez si ce n'est que "là ou elle existe" concerne bien sûr la Belgique et le Luxembourg citées plus haut dans l'article.

Néanmoins, compte tenu de vos observations, je fais quelques petites corrections qui je l'espère permettront d'être plus clair.

En vous remerciant de votre participation syntaxique

Cordialement,

Albert

Anonyme a dit…

Il me semble avoir entendu dans un média qu'en 4 ans, la part des revenus des ménages modestes consacrée à leur loyer est passée de 31% à 44%.

La part des frais incompressibles est en train de devenir de plus en plus importante.

Les marges de manoeuvres pour boucler ses fins de mois deviennent de plus en plus réduites.

En général, les coupes budgétaires se font sur l'alimentation: l'explosion des supermarché pour pauvres est là pour attester cette tendance. (il y'en a même dans le XVIeme arrondissement de Paris, pour le "petit personnel" je suppose)

Si les prix de l'alimentation deviennent trop élevés, il n'y aura plus aucune marge de manoeuvre pour les gens modestes pour finir leur mois car on ne peut pas vivre sans manger.

Anonyme a dit…

L'article est intéressant car il dresse un tableau plutôt juste de ce que certains appellent le modèle social français. Malheureusement, il attribut comme trop souvent a la concurrence des méfaits qui sont essentiellement dus a son absence.

La récente inflation dans l'alimentaire montre assez bien par exemple que la grande distribution en France fixe elle-même ses prix et que l'équilibre entre l'offre et la demande n'est pas respecté. Les ententes qui par définition faussent la concurrence sont, j'aimerais le rappeler, illicites.
Le Conseil de la Concurrence a pleinement son rôle a jouer pour rétablir cet équilibre.

L'indexation automatique des salaires est une aberration que les
employeurs s'empresseraient de contourner en freinant les embauches, créant plus de chômage, et en augmentant la pression dejà forte sur les employés,plus de stress et d'antidépresseurs. Le salaire est le prix de l'emploi.
Plus la demande d'emploi est forte, plus les salaires sont bas,
inversement, plus l'offre est abondante, plus les salaires grimpent. On ne peut parler des salaires sans parler du chômage et sans en chercher les causes exogènes.

Pourquoi plus de chômage, pourquoi plus de logement locatif, pourquoi
moins de pouvoir d'achat en France qu'ailleurs ? Nous récoltons a mon sens les fruits d'un interventionnisme mal placé.

Albert Ricchi a dit…

@ llibéral
Merci pour votre commentaire et le "tableau plutôt juste" mais si j'ai bien compris, il faudrait accepter sans broncher, tous les ans, que les salaires augmentent moins vite que le taux d'inflation pour que l'économie se porte bien.

Que le pouvoir d'achat ne soit pas augmenté, c'est à dire que les salaires n'augmentent pas plus que le taux d'inflation, c'est peut être à la rigueur tolérable mais que systématiquement chaque année, ceux-ci augmentent moins vite que l'inflation, c'est bien pour l'entreprise mais le résultat est là : une paupérisation des salariés sans cesse grandissante depuis 1983...

Que je sache, la Belgique ou le Luxembourg ne se portent pas plus mal que la France...

Salutations
Albert

Anonyme a dit…

Bonjour

L'indexation des salaires sur la hausse des prix est une illusion car l'indice INSEE est pour le moins peu fiable. Il met sur le même plan le prix des nouilles et celui d'un écran plat ce qui est une absurdité : on peut se passer d'un écran plat, pas de manger.

Ensuite les hausses de prix sont différentes d'une enseigne à l'autre,dans l'une c'est le jambon qui flambe, dans l'autre les yaourts et dans la troisième l'eau minérale. Ce n'est pas un hasard, cela est fait volontairement pour éviter qu'une enseigne apparaisse comme "plus chère" qu'une autre.

Une autre méthode de hausse camouflée très utilisée est le changement de conditionnement ou de formule de fabrication ce qui en fait un "nouveau produit", bien sûr il est plus cher mais il n'y a pas augmentation mais "innovation", donc plus de comparaison possible.

Pour "faire des économies" comme l'a hypocritement conseillé notre
ministre c'est de regarder les prix et d'acheter le moins cher. Donc
achetons les nouilles ici, le jambon la-bas etc... Résultat 100 km parcouru et avec le prix de l'essence... qui, je le parierais, ne rentre pas dans l'indice !

Radix

Albert Ricchi a dit…

@ Radix

Merci pour ces précisions fort intéressantes sur les prix.

C’est bien parce que l’indice Insee ne reflète pas la réalité des prix qu’il faut le réformer, sans plus attendre.

Quant à l’idée de maintenir au moins le pouvoir d’achat des Français, chaque année, en augmentant les salaires ou les prestations sociales d’un taux égal à l’inflation, elle devrait s’imposer d’elle-même à l'ensemble du monde politique, que l’on s’appelle Ségolène ou Nicolas…

Mais gauche et droite, lorsqu’elles gouvernent, ne le font jamais…

Salutations et à bientôt sur le web

Albert

Anonyme a dit…

"Bien manger c'est le début du bonheur..."

Ce slogan à lui seul sous-tend la politique envisagée à court terme par l'OCDE et qui est de tenir les peuples par le ventre.

Raréfier la nourriture est alors un moyen fort judicieux pour détourner les
produits en vu de fabriquer de l'essence dite "bio"... Les céréales ne nourriront plus les individus mais serviront à rouler dans des 4X4 pour ces
gens-là, qui ont le bonheur aussi bien dans leurs assiettes que sur la route...

Je ne connais pas bien les mécanisme automatiques d'indexations sur les salaires. Ce que je sais c'est que FMI, OCDE, BCE... ont tendance à vouloir niveler par le bas les qualités de vie planétaire.

Oui, dans leurs programmes, à mon avis, est inscrit quelque part : tenir le peuple sous le joug, par la nourriture, l'insécurité (quitte à la créer) et par le chômage structurel.

Anonyme a dit…

Parler de pouvoir d'achat est pauvre, c'est un manque d'ambition. Il faut parler de capacité d'épargne.

Pour augmenter le pouvoir d'achat, il suffit de baisser la TVA, d'un
point, par exemple. On sait combien ça coute. Les plus pauvres dépensant tout, ils en tireraient une augmentation immédiate de leur pouvoir d'achat.

Pour les moins pauvres, l'avantage ne porterait que sur la fraction
consommée et pas sur la fraction épargnée. En pourcentage, la mesure serait très "sociale" !

Pour augmenter la capacité d'épargne, et il faudra bien y penser un jour,vu que la dette de la France est achetée par les Asiatiques, ... c'est moins simple. Il faut aussi réduire les prélèvements obligatoires, ....

Tout cela est en dehors de la logique de croissance du gouvernement.

Gouvernement et parlementaires UMP qui ne semblent même plus croire en
leur théorie, vu qu'ils tremblent déjà en attendant le verdict du prochain scrutin.

Messieurs de l'UMP, si vous y croyez, à vos théories, vous avez jusqu'en 2012. Allez-y décomplexés qu'on vous dit !

Bigre !

Anonyme a dit…

Bonsoir,

Article intéressant mais il est illusoire de penser que nos élus
nationaux pourront faire quelque chose de majeur pour le pouvoir d'achat et le niveau de vie en France. Les décisions de fond ne se prennent plus en France (Europe,OMC ...) et puis les caisses de l'état sont vides depuis longtemps (et pas seulement depuis le paquet fiscal et l'augmentation de salaire du président). Mr Sarkozy s'est fait élire sur l'idée "avec moi,
tout est possible" et il est en train de payer ses promesses vaseuses. Mais avec d'autres cela aurait été pareil ...

Il faut aussi relativiser, nos conditions de vie ne sont pas si mauvaises, un petit regard sur cette carte vous en persuadera :
http://www.monde-diplomatique.fr/IMG/artoff556.jpg

Le monde évolue, l'énergie coutera toujours de plus en plus cher et
l'alimentaire aussi vu la démographie. Qu'a cela ne tienne, c'est à nous de trouver des solutions et avoir des idées concrètes à mettre en oeuvre (
Bientôt le retour des potagers dans les jardins ...)

La vie en France n'est pas si dure pour celui qui a des exigences
raisonnables.

Anonyme a dit…

Ceux qui "vendent" du logement (propriétaires et bailleurs), de l'énergie ou des télécoms (grandes compagnies quasi monopolistiques) voient eux,leurs revenus augmenter avec vigueur et constance.

Leur point commun : la concurrence ne joue pas en leur cas.

Rareté des acteurs de l'offre, caractère "incontournable" des offres,ententes instinctives...

Vous imaginez : "Ah, chez vous le gazole est à 1,27 alors que chez X il est à 1,24. Si vous me le faites à 1,15, je fais le plein de suite !
Impossible.

Ou bien : votre forfait WebTéléphoneTV est à 29,90 €/mois, chez Y il est à 26,90 € si vous faites un effort, je le prends chez vous. Pure fiction.
Idem pour les n° 118xxx, concurrence bidon, entente béton !

Ou encore discuter le bout de gras sur chaque article du caddie, vu ici à tel prix et là à tel autre ? Absurde. Des comptes d'apothicaires doublés d'une dépense en temps et trajets.

Alors, de grâce, arrêtons le dogmatisme libéral qui voit de la concurrence "libre et non faussée" partout. C'est faux dans les cas précités, et bien d'autres qui affectent durement le pouvoir d'achat du fait de la captivité
objective du "client" (couillon serait plus juste), bien obligé de rouler,loger, se chauffer et d'avoir l'eau, l'électricité, le téléphone, internet en plus pourquoi pas.

Pour qu'une telle concurrence existe, il faut :
1/ la pluralité d'offreurs
2/la comparaison des offres AVANT de choisir
3/une fenêtre de discussion
des tarifs
4/la liberté volage du client et non sa signature pour 24 mois.

Bref, une inversion -à minima un rééquilibrage- du rapport de force qui est aujourd'hui clairement favorable aux grandes entreprises profitables.

Il faut envisager un boycott massif et prolongé pour inverser de telles
tendances, lourdes à tous points de vue ! Oui à une économie de respect, de pluralisme et de commerce à visage humain, encadré par des lois, seuls remparts à la voracité d'une oligarchie méprisante à 1000 lieues de nos
préoccupations !

Anonyme a dit…

Article fort intéressant et précis qui met en scène correctement les
soucis majeurs de la plus grande partie de notre population.

La question que chacun de nous se pose aujourd'hui (sans faire réellement partie de ceux qui ne peuvent "boucler leurs fins de mois", mais qui ont limité au nécessaire raisonné leurs achats) est celle des "lendemains"...
alors, que dire de ceux qui sont dans la misère ?

Quand, au cours d'une émission radio (sur France Inter), au cours de la campagne présidentielle, j'ai entendu un de nos politiques de l'UMP (je n'ai plus son nom en tête, mais la citation, elle, est exacte) dire que : "l'ennemi de la croissance, c'est le plein emploi" , il me semble que tout a été dit !

Ainsi, le chômage est soigneusement entretenu de façon à ne pas avoir à
donner un salaire correspondant à la valeur, la formation, la compétence de celui auquel on condescendra à accorder le droit de travailler ! C'est idéologique ! Tous les autres discours, et bien sûr, ceux de NS pendant sa campagne et depuis son élection sont du vent ! Du "président du pouvoir d'achat" au "travailler plus pour gagner plus", tout cela n'a aucun sens,
aucune réalité, et ceux qui se sont laissés berner nous ont tous mis dans un enfer dont nous ne faisons que mesurer les effets chaque jour un peu plus.

Le monde de la mondialisation, de la finance pour la finance, de la main mise sur TOUT par les énormes multinationales fonctionne comme un "en soi" qui n'a pas besoin de prendre en compte les humains que nous sommes. Nous devenons des "variables d'ajustement" ! simplement cela !

La seule solution pour sortir de ce cercle infernal serait une réelle
prise de conscience des Hommes de cette planète... ou, tout simplement de certains d'entre eux, capables d'induire une réelle réflexion humaniste. Je crains que ce ne soit pas pour demain... hélas !

Anonyme a dit…

Est-ce que l'auteur pourrait nous montrer que les 15 milliards dépensés
cette année vont aller aux riches ?

Albert Ricchi a dit…

@ fred

Effectivement, je vous l’accorde, tous les milliards d’euros du paquet fiscal 2007 ne vont pas directement dans les poches des personnes les plus riches mais les principales comme la (quasi) fin des droits d succession ou le bouclier fiscal porté de 60% au 1er janvier 2007 à 50% au 1er janvier 2008 profitent exclusivement aux personnes les plus fortunées.

Il faut apprécier les effets de cette loi sur plusieurs années et non uniquement sur 2007 (voir chiffres publiés sur Wikipédia à ce sujet). Les chiffres sont alors bien plus importants et je ne parle pas des 200 milliards d’euros accordés en exonérations de charges depuis 1993 aux entreprises, dont certaines délocalisent ensuite, alors que les salariés, eux, n’ont jamais vu leurs cotisations de sécurité sociale diminuer…

Mais je crois que l’important n’est finalement pas là. L’essentiel réside sans doute dans le fait que pour récupérer plusieurs dizaines de milliards d’euros et éviter la faillite, Nicolas Sarkozy va utiliser une méthode chère à la droite (et hélas de temps en temps à la gauche…) qui est celle de l’augmentation des impôts indirects que l’on appellera tantôt TVA sociale, CSG ou autre taxe immobilière ou foncière, etc.. Un avant goût nous a déjà été donné au 1er janvier 2008 avec trois nouvelles franchises médicales…

Les personnes les plus aisées sont donc favorisées à deux reprises : une première fois par le contenu de la loi Tepa en leur faveur et une seconde fois par des impôts indirects identiques pour tous, les riches comme les pauvres.

La France a ainsi un budget de l’Etat alimenté à plus de 80% par des impôts indirects et seulement moins de 20% par l’impôt direct progressif sur le revenu, un record mondial en la matière. Même les USA, premier pays capitaliste du monde, ne nous égale pas…


Salutations et à bientôt sur le web

Anonyme a dit…

Monsieur Ricchi,



Etes vous entrepreneur et si oui payez vous vos employés largement au-dessus de la moyenne dans le domaine ? Je pense qu'il est facile de dire que les salaires doivent augmenter automatiquement suivant un indice mais je doute que de nombreuses petites entreprises puissent le faire.

Albert Ricchi a dit…

@ Fred


Si vous avez consulté ma fiche sur Agora, vous verrez que je ne suis pas entrepreneur mais vous semblez confondre augmentation et maintien du pouvoir d’achat comme d’ailleurs de nombreuses personnes trop sensibles à la désinformation concernant le sens initial des mots, pratiquée depuis longtemps sur l’ensemble des médias.

Lorsqu’un entrepreneur ou l’Etat accordent une «augmentation» de salaire inférieure au taux d’inflation, c’est en fait une baisse de salaire. Un exemple concret : les pensions de vieillesse ont été augmentées au 1er janvier 2008 de 1,1%. Il s’agit en fait d’une baisse car l’inflation était de 2,5% en 2007.

Lorsque c’est une «augmentation« égale au taux de l’inflation, c’est en fait un maintien du pouvoir d’achat.

Dans de très rares cas, lorsque il s’agit d’une augmentation supérieure au taux d’inflation, c’est une réelle augmentation de salaire et je comprends très bien que les petites entreprises ne puissent accorder une vraie augmentation de salaire.

Mais dans tous les cas, petites ou grosses entreprises, les salariés devraient voir leur pouvoir d’achat au moins maintenu.