Après
le choix de la monnaie unique à tout prix fait par la Commission de Bruxelles,
la BCE et le FMI, c’est toute la population grecque qui a été prise en otage.
Aujourd’hui, la crise touche désormais les enfants qui payent eux aussi la note
pour que l’euro puisse survivre.
Et
comme au bon vieux temps de l’Union Soviétique, les médias européens et grecs ne
parlent surtout pas de cette nouvelle tragédie…
Les
dernières coupes budgétaires pour obtenir le déblocage d’une nouvelle tranche
d’aide financière des trois institutions ont provoqué la colère des Grecs car
le renflouement mis en œuvre par l'UE repart majoritairement vers l'Union, vers
les banques, pour éponger la dette et les nouveaux taux d’intérêt. Ainsi les
banques encaissent encore des intérêts copieux et les créances sont à la charge
des contribuables.
En
trois ans au total, sur 206,9 milliards d'euros effectivement versés, 58
milliards ont servi à recapitaliser les banques grecques, 101 milliards sont
allés dans les poches des créanciers de l'Etat grec. Dans cette catégorie, on
trouve à la fois les représentants de l'oligarchie du pays et des fonds
spéculatifs. Seuls 43,7 milliards ont atterri dans les caisses du budget de
l'Etat sans que l'on sache vraiment à quoi ils ont été affectés, hormis les 10
milliards consacrés à l'armée... Il n’y a donc pas d’argent pour les réformes
structurelles !
L’Etat-providence
grec s’atrophie et toute une génération voit ses attentes, ses revenus et sa
qualité de vie rétrogradés. Cette même génération, qui avait pris l’habitude
d’accéder à des crédits pas chers après l’entrée de la Grèce dans la zone euro
en 2001, s’efforce maintenant d’apprendre à vivre avec bien moins.
Dans le
secteur privé, les salaires ont diminué de plus de 30% depuis 2010, de 22% pour
le salaire minimum mensuel et de 32% pour les salaires des moins de 25
ans ! Pourtant, les prix ont été maintenus à des niveaux élevés par le
manque de concurrence, les comportements oligarchiques et la hausse des taxes.
Le
taux de chômage devrait dépasser les 26% en 2014, selon la Banque de Grèce,
voire les 31% selon l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale, un centre de
recherche allemand. Si ces prévisions sont justes, on dépassera donc les 24%
atteints au pire moment de la grande dépression américaine !
Plus
de 60% des chômeurs grecs sont sans travail depuis plus d’un an. Le chômage des
jeunes, qui pointe à 55%, est déjà supérieur à celui de la plupart des pays
ayant des taux similaires de participation au marché du travail.
En
attendant de voir la lumière au bout d’un tunnel malheureusement sans fin, des
pères de famille s’immolent devant les banques car celles-ci n’acceptent pas
une prolongation des délais de remboursement des prêts consentis initialement.
Ces trois dernières années, les statistiques concernant les suicides et les
maladies mentales ont fortement augmenté.
Des
familles entières se trouvent ainsi à la rue, ne pouvant plus payer leur loyer.
Comment en effet peut-on vivre avec 300 à 500 euros qui sont la tranche moyenne
mensuelle des salaires d’une famille grecque ?
La
famine commence à toucher une partie de la population qui n’a plus aucune
réserve financière. Pendant la nuit, de nombreuses personnes, âgées pour la
plupart, sortent pour ne pas être vues et recherchent dans les poubelles des
voisins s’il ne reste pas quelque chose à manger…D’autres attendent sagement la
fin des marchés dans les villages pour pouvoir ramasser les fruits et légumes
périmés…
Selon
les services de santé publique, les niveaux de sécurité alimentaire du pays
sont désormais en dessous de ceux de certains pays africains...
La crise fait maintenant de nouvelles victimes
Les
enfants aussi sont nombreux à piocher dans les poubelles pour tenter de trouver
un peu de nourriture. Et certains parents ont décidé de les abandonner dans des
orphelinats puisque c'est pour eux le seul moyen qu'ils puissent manger à leur
faim.
Les établissements
comme celui d'Athènes voient ainsi des enfants abandonnés pour des raisons
économiques. Un organisme de la ville estime qu'ils sont plusieurs centaines
concernées par ce problème alimentaire. La majorité des enfants ont été déposés
par les familles qui ne peuvent plus subvenir à leur besoin. Certains arrivent
avec un état de santé dégradé et n'arrivent plus à parler.
La
majorité des familles aux abois continuent naturellement d’envoyer leurs
enfants à l’école mais comment un enfant peut-il étudier le ventre vide ?
Comment peut-il mémoriser sans peine alors que son organisme est très
affaibli ?
Pendant
l’année scolaire, des enfants se sont évanouis car n’ayant plus correctement
mangé depuis plusieurs mois. Pour la plupart d’entre eux, au bout du rouleau,
ils n’ont plus la force de lutter… Certains même tombent au sol pendant les
récréations, quelques-uns se sont même suicidés !
Dans
la région d’Athènes, on a compté plus de 2500 enfants qui se sont évanouis lors
des cours. A Thessalonique, deuxième ville grecque, plus de 600 enfants
se sont retrouvés dans un état lamentable, ceux-ci n’ayant plus eu de petit
déjeuner avant d’aller à l’école depuis des mois.
Devant cette situation, l’état grec prévoit dans chaque école une distribution de soupe populaire afin de donner un minimum aux enfants. Plus de 300 établissements scolaires ont déjà prévu une distribution de soupe !
Certains
professeurs des écoles qui ont encore des salaires de l’ordre de 600 à 800
euros par mois, essayent d’acheter des compléments de nourriture (pâtes et pain
principalement) pour leurs élèves. A l’heure actuelle, ils estiment qu’il y a
25% des enfants qui ne sont plus nourris correctement depuis des mois, les
enfants étrangers étant les plus atteints par la crise.
Et de
surcroît, ne pouvant plus régler leurs dépenses de chauffage, plusieurs écoles,
surtout celles du Nord, ne seront plus chauffées. Quand on sait que 43 %
des communes grecques sont situées au-dessus des 800 mètres d'altitude où
la température peut descendre jusqu’à - 20° l’hiver, alors cela devient
dramatique pour les enfants.
Pour
couronner le tout, les écoles publiques ne reçoivent plus de manuel scolaire.
L’Etat ayant accumulé d’énormes dettes auprès des maisons d’édition, les
livraisons ne sont plus effectuées. Les élèves reçoivent désormais des CD et
leurs parents doivent acheter des ordinateurs pour leur permettre de suivre les
cours.
Voilà
donc ce qui se passe dans un pays qu’on laisse volontairement dans un
délabrement total pour ne pas mettre la zone euro en danger alors que la Grèce
aurait besoin de sortir de l’euro et de dévaluer sa monnaie pour faire respirer
puis repartir son économie.
Cette
situation devrait pourtant alerter tous les pays de la vieille Europe car on ne
peut accepter de voir des enfants mourir à cause de coupes budgétaires dans les
dépenses sociales pour réduire une dette qui s’apparente de plus en plus à un
génocide financier. Mais il y a peu d’espoir que les européistes béats,
Angela Merkel et François Hollande en tête, proposent aux Grecs autre chose que
le menu servi par les représentants de la troïka…
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