Après plusieurs semaines de négociation, on pouvait espérer que des décisions à la mesure des besoins de l’hôpital, du personnel et des patients seraient prises au Ségur de la Santé.
Mais ce plan Ségur annoncé par Emmanuel Macron et Jean Castex, animé par Nicole Notat, est loin de régler les problèmes de fond qui minent la santé publique depuis de nombreuses années…
L’accord du Ségur de la santé signé par la CFDT, FO et l'UNSA mais non signé par 15 autres organisations syndicales parmi lesquelles la CGT, Sud, l'AMUF, la Confédération des praticiens des Hôpitaux, le Syndicat Jeunes Médecins, l'Union syndicale Action Praticiens des Hôpitaux, le Syndicat des professionnels IDE, etc. a prévu bon nombre de mesures mais toutes largement imparfaites, notamment :
Mais ce plan Ségur annoncé par Emmanuel Macron et Jean Castex, animé par Nicole Notat, est loin de régler les problèmes de fond qui minent la santé publique depuis de nombreuses années…
L’accord du Ségur de la santé signé par la CFDT, FO et l'UNSA mais non signé par 15 autres organisations syndicales parmi lesquelles la CGT, Sud, l'AMUF, la Confédération des praticiens des Hôpitaux, le Syndicat Jeunes Médecins, l'Union syndicale Action Praticiens des Hôpitaux, le Syndicat des professionnels IDE, etc. a prévu bon nombre de mesures mais toutes largement imparfaites, notamment :
- Un « socle » de 7,6 milliards € pour les personnels para-médicaux (infirmières, aides-soignantes, kinésithérapeutes, etc.) et non médicaux (agents des services hospitaliers, techniciens divers, etc.) est attribué à 1,5 million de personnel hospitalier. Une augmentation de salaire versée en deux temps, soit 90 € au 1er septembre prochain et 93 € au 1er mars 2021. Au total 183 € nets mensuels sont octroyés aux agents des hôpitaux et des EHPAD, ce qui ne rattrape même pas le blocage du point indiciaire depuis 10 ans ! En effet pour ce rattrapage il aurait fallu 280 € nets mensuels !
- Une « révision des grilles salariales » - sans autre précision - en avril 2021, et cela ne représentera que 35 € nets mensuels en moyenne !
- La « revalorisation » des heures supplémentaires, des primes pour travail de nuit, mais « plus tard » et sans autre précision !
- La création de 15 000 postes - sans précision non plus – qui seront à discuter avec les directions d'établissement… En réalité, ce ne sera pas 15 000 postes qui seront créés mais seulement 7 500 car les 7 500 autres sont déjà inscrits dans le collectif budgétaire prévu dans le plan Buzyn « Ma santé 2022 » !
- 450 millions € (au lieu de 1 milliard) octroyés aux médecins et 16 « autres mesures » à venir… La principale étant la « revalorisation » de la prime de service exclusif qui passera de 490 euros à 700 € nets mensuels pour les PHPT (Praticiens hospitaliers plein temps), puis à 1 010 € en 2021, à condition que ces PHPT aient 15 ans d'ancienneté...
- Toujours pour les médecins, révision des grilles salariales pour 100 millions € seulement), et en 2021, avec la fusion des trois premiers échelons déjà prévue par le plan Buzyn, et en créant 3 échelons supplémentaires en fin de carrière !
- Enfin pour les jeunes médecins et les internes, 124 millions € pour les indemnités aux jeunes praticiens, qui seront portées au niveau du SMIC horaire ! Mais sans revalorisation de leurs grilles indiciaires !
Organisation et investissement : du pareil au même !
Le volet 2 du plan Ségur proclame que 20 milliards € de plus sont alloués aux hôpitaux. Mais il y en a déjà 13 qui sont sensés contribuer à éponger les dettes des hôpitaux (sur une dette totale de 30 milliards €), ce qui réduit à 6/7 milliards € l'ensemble des autres mesures !
Ce volet se limite, en effet, à injecter, sur 4 à 5 ans, 6 à 7 milliards € pour financer les bâtiments, les équipements et le numérique alors que l'hôpital est rongé par l’austérité et la réduction de moyens depuis 30 ans !
Il est donc évident que ce plan est loin de permettre de « changer de braquet ». Alors que ce sont des milliers de lits qui ont été supprimés depuis 30 ans (quelque 12 000 ces 5 dernières années), ce plan prévoit 4 000 créations mais seulement « à la demande » et « en fonction des besoins » et pour des motifs de « grippe saisonnière ou d'autres pics d'activité exceptionnels ». En réalité pas un lit supplémentaire ne sera créé !
Ce volet 2 traite aussi de « déconcentration de la gestion des investissements » et envisage de donner plus de pouvoirs aux Délégations départementales des ARS et « aux territoires ». Mais l'on sait que ces Délégations doivent respecter les « plans régionaux de santé » décidés par les ARS...
S'agissant des Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), le gouvernement propose de doubler les formations d'aides-soignantes d'ici 2025 et d'augmenter de 10% celles des IDE (Infirmières diplômées d'Etat). Ces mesures s'imposaient car l'on sait que la « durée de vie professionnelle » d'une IDE est de 6 ans... Mais au lieu d'augmenter massivement les postes d'IDE et de renforcer les IFSI, le gouvernement « lance une réflexion sur une nouvelle profession intermédiaire entre les IDE et les médecins » … ce qui lui permettra de gagner du temps et ne résoudra pas les manques d'effectifs dans les services !
Parmi les mesures annoncées, citons aussi la volonté d' « encourager les téléconsultations », de décloisonner l'hôpital, la médecine de ville et le médico-social mais sans mesure concrète…
S'estimant satisfait d'avoir « remis de l'humain, des moyens et du sens dans notre système de santé » le Ministre a annoncé un autre « Ségur de la santé publique » pour la rentrée et un « comité de suivi » des volets 1 et 2 du Plan Ségur...
- Rien n'est dit sur les ordonnances Juppé de 1995, sur la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoire) de la ministre de la Santé de Sarkozy, Roselyne Bachelot, qui vient de faire un grand retour en qualité de ministre de la culture !
- Rien sur les lois Touraine et Buzyn qui ont continué à fermer des lits et détruire des postes !
- Rien sur le matériel, les respirateurs, les médicaments, les postes à créer, les hôpitaux à moderniser !
- Rien sur les lits de réanimation dont on a vu la pénurie pendant ces 6 derniers mois !
- Rien sur les 30 000 morts du Covid-19 faute de production locale de masques, de gel hydro-alcoolique, de gants, de tenues de protection, de médicaments, alors qu'une autre vague de la Covid-19 menace !
Pendant plus d’un an, les personnels hospitaliers ont multiplié les actions pour alerter sur la situation de l’hôpital, des urgences, des déserts médicaux et de l’accueil des personnes âgées. Et la manifestation du 14 juillet dernier n’est qu’un épisode supplémentaire de la lutte contre les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, qui ont appauvri progressivement depuis plus de 30 ans l’institution hospitalière, en réduisant le nombre de lits et de personnels.
Il faut espérer que le mouvement social n'en restera pas là et que les citoyens s’en mêleront plus fortement…
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